ITW Kyshawn George, l’ancien chalonnais devenu révélation des Wizards : « À l’Élan, j’étais à des années-lumières de la NBA »

Kyshawn George, de l’Élan Chalon aux Washington Wizards
Avec Alexandre Sarr, c’est sûrement l’une des deux satisfactions individuelles de ce début de saison des Washington Wizards. L’ailier suisso-canadien Kyshawn George (2,03 m, 22 ans), drafté en 24e position en 2024, a quasiment doublé ses statistiques de sa saison rookie sans que son temps de jeu n’évolue tant que ça. Ses pourcentages ont aussi significativement augmenté (de 37% à 47% aux tirs, et de 32% à 44% à 3-points), avec un plus gros volume. Tous les signes indiquent qu’il a passé un cap.
C’est pour parler de cela mais aussi de son parcours que l’ancien de l’Élan Chalon [de 2019 à 2023] nous a accordés une interview, après un entraînement des Wizards. Dans un Français parfait, celui qui a grandi avec une mère suisse et un père canadien (Deon George, ancien joueur de Brest) s’est exprimé avec le sourire qui le caractérise. L’occasion pour lui d’aborder sa saison NBA bien sûr, mais aussi Chalon, la Suisse et le Canada.
Kyshawn, comment vas-tu en ce moment ? Et es-tu satisfait de ton début de saison individuel ?
[interview enregistrée le mercredi 10 décembre] Ça va bien, ça va bien. On a eu un jour off, et maintenant on est de retour au travail, parce qu’il faut bien que la saison continue…. Et pour mon début de saison, ça va. Il y a eu des progrès. Il y a du positif et du négatif. Mais on va continuer sur cette lancée.
Tu as un nouveau rôle cette saison, notamment dans la création, avec beaucoup plus la balle en main. Ce sont des consignes du staff cet été, ou toi qui a eu un déclic ?
Alors il y a toujours eu ce projet. Quand j’étais jeune, à Chalon, je jouais poste 1. J’étais un créateur, avec beaucoup la balle en main. Mais maintenant que je fais cette taille, j’ai pu diversifier mon jeu. Et ensuite, le travail a été fait cet été pour que je sois créatif balle en main. La franchise a décidé de me faire confiance dans ce rôle, donc je suis content de pouvoir le prendre et de progresser là-dedans… J’essaye de gagner en stabilité, de mieux reconnaître les situations, et aussi de m’habituer à être pressé haut par des défenseurs plus physiques. C’est un travail en cours.
A career night for Kyshawn George in Dallas 📈
34 points (career-high)
11 rebounds
7 triples (career-high)
3 blocks
2 steals
1 road win pic.twitter.com/fLgG7Dmodv— NBA (@NBA) October 25, 2025
Pourrais-tu donner une explication aux difficultés collectives qu’ont les Wizards sur ce début de saison ?
On s’était mis une ligne directive, avec des choses simples, que tout le monde peut contrôler. Et je pense qu’on s’est un peu écartés de ça. On y revient de temps en temps, mais le but c’est de le faire plus souvent et avec plus de constance. Je pense que c’est bien qu’on ait une pause d’une semaine comme ça, pour qu’on se rende compte vraiment de ça, et qu’on puisse retourner vers ce qui est vraiment important et qu’on peut contrôler. Il faut qu’on se remette sur la bonne voie.
« [Jouer à Chalon] m’a appris à être un professionnel très tôt »
Kyshawn George, ailier des Washington Wizards (NBA), et formé à l’Élan
On va retourner dans le passé… Est-ce que tu peux rappeler ton parcours ? Tu as grandi en Suisse avec un père canadien, c’est ça ?
Ouais, père canadien et mère suisse. Jusqu’à mes 15 ans à peu près, mon père était coach, et je jouais aussi avec mon frère. Ensuite à 15 ans je suis parti en France, à Chalon. À Chalon, j’étais d’abord en cadets, je faisais des entraînements avec les Espoirs. J’ai fait deux ans comme ça, et après j’ai fait un an avec les Espoirs et un an en professionnel. Donc en tout quatre ans là-bas. C’est aussi à ce moment-là que j’ai eu une poussée de croissance. Ensuite j’ai fait une année à l’université de Miami, et maintenant je suis là, en NBA.
Peux-tu expliquer ce que ça t’as apporté de jouer en France et à Chalon, dans un basket très différent de ce qu’on connaît ici aux États-Unis ?
Je dirais que ça m’a appris à être un professionnel très tôt. J’allais à la salle avant d’aller en cours, ce genre de choses. J’ai pu savoir ce que je voulais dans la vie, ce que je voulais faire avec le basket. J’ai pu garder cette ligne directrice pour la suite.

Tu pensais déjà à la NBA à cette époque ?
C’était mon but oui. Après je sais que j’en étais à des années-lumière, donc je me concentrais sur des petits objectifs que je me mettais au jour le jour. Pour pouvoir être sûr que je progressais et que j’allais dans la bonne direction.
Tu sentais que t’avais besoin de faire une année en NCAA pour compléter ta formation avant la Draft ?
Moi j’ai toujours voulu jouer en NCAA. Je regardais les matchs quand j’étais en Suisse, l’ambiance, la March Madness, je voulais le vivre. Je ne me suis jamais fermé de portes. Je me disais que si une grosse université me proposait de venir jouer, je ne me voyais pas vraiment refuser. Du coup quand j’ai eu cette opportunité, je me suis dit que j’avais fait 4 ans à Chalon, et qu’il fallait que je parte là-bas pour utiliser vraiment toutes leurs ressources, leurs infrastructures qui sont proches de la NBA. Je voulais aussi me mettre dans le marché américain.
« Avec le Canada, on a tous les outils pour taper la France »
Kyshawn George, international canadien
Mais alors pourquoi tous les Suisses vont jouer à Chalon ? En plus de toi, il y a aussi eu Clint Capela, Thabo Sefolosha…
Alors… [sourire] Déjà je pense que Chalon recrute en Suisse. Moi c’est Romain [Chenaud, responsable du centre de formation puis coach de l’équipe Espoirs] qui a appelé mon père et a dit qu’il voulait me voir. Et ensuite, je pense que les Suisses ont des qualités que d’autres personnes n’ont pas, c’est tout [rires]. Non mais aussi, Chalon c’est à seulement 3h30 de train de la Suisse. Un TGV Lausanne-Dijon, puis Dijon-Chalon, et voilà.
Tu suis un peu les prospects suisses ? Il y en a justement un à Chalon en ce moment…
Klark Riethauser (2,00 m, 17 ans) ? Oui, il m’a écrit sur WhatsApp récemment. Il avait 2-3 questions, j’ai pu lui répondre avec plaisir. Je l’ai vu jouer avec l’équipe nationale à la Coupe du monde U19, quand je suis allé là-bas. Il y a Elyjah Rebetez (1,90 m, 17 ans) aussi, mais lui est ici aux États-Unis, il me semble qu’il est à Atlanta. Je n’ai pas accès à ses matchs, je ne vois pas vraiment ce qu’il fait, mais il sera ici à Noël.

Le basket suisse se développe donc…
Déjà on a trois joueurs en NBA [Clint Capela, Yanic Niederhäuser, Kyshawn George]. Et l’équipe sénior joue les qualifications de la Coupe du monde, ils ont perdu leurs 2 premiers matchs, mais ils y sont. Donc oui il y a de l’espoir, mais après il y a encore beaucoup de choses à mettre en place.
Mais toi tu as donc choisi le Canada. Même si tu l’as sûrement déjà expliqué plusieurs fois, est-ce que tu peux détailler en 2-3 mots ce choix ?
J’ai privilégié l’aspect compétitif. J’ai envie d’être le meilleur, donc pour moi je dois jouer contre les meilleurs et les battre. Donc quoi de mieux d’aller dans une équipe nationale dans laquelle tu joues contre les États-Unis, l’Argentine, l’Allemagne, la France… Que ce soit dans des Coupes du monde ou des Jeux Olympiques. Je pense que c’était le meilleur environnement pour justement avoir cette compétition.
Penses-tu que vous pouvez battre la France ?
Oui. [pause] Ce n’est pas une blague [rires]. On a tous les outils pour taper la France, c’est tout.
Kyshawn George came through BIG 💪 TCL Player of the Game as Canada books their spot in the semifinals! #AmeriCup pic.twitter.com/qlyp9aYshE
— FIBA AmeriCup (@AmeriCup) August 30, 2025
Il y a des vannes dans le vestiaire à propos de ça avec Bilal [Coulibaly] et Alex [Sarr] ?
Pas beaucoup, honnêtement pas beaucoup. On est le futur des deux équipes, donc je sais qu’on s’affrontera un jour, je le vois très bien arriver. Et j’aime beaucoup mes chances. J’adore mes chances. Surtout contre Bilal et Alex, j’ADORE mes chances ! [rires] Le match-up avec Bilal ? Wow. Juste wow. Ça serait incroyable.
Justement comment est votre relation ? Il y a un clan francophone à Washington ?
Bien sûr, ça fait du bien de pouvoir parler français avec Bilal et Alex, forcément ça vient naturellement. On se voit dehors, on va manger ensemble. Il y a une amitié qui se crée entre nous trois. Et il y a aussi Alexis [Ajinça] dans le staff, qui aime bien nous donner des petites phrases en français à certains moments, pour être plus précis sur des petits détails. Ça facilite les choses.

Propos recueillis à Washington,





























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