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« Il me fait penser à Doncic » : Zaccharie Risacher, le soir de l’éclosion

Très haut potentiel de la génération 2005, Zaccharie Risacher a connu sa première soirée marquante au niveau professionnel vendredi en EuroLeague. À 17 ans, l'ailier de l'ASVEL s'est distingué contre Vitoria avec 22 minutes d'excellente qualité.
Crédit photo : Infinity Nine Media / Julie Darbon

Près d’une heure après le buzzer final, Zaccharie Risacher (2,05 m, 17 ans) déambule dans les travées de l’Astroballe, répond avec le sourire aux sollicitations photographiques de quelques enfants puis passe devant un homme. Après quelques secondes d’hésitation, ce dernier finit par l’arrêter in extremis : « Oh pardon, je ne t’avais pas reconnu, bravo pour ton match ! » Un relatif anonymat appelé à s’évanouir dans un futur plus ou moins lointain, au rythme de sa croissance au niveau professionnel. S’il avait déjà connu quelques soirées marquantes la saison dernière, comme ce jour où il est devenu le plus jeune Français titulaire en EuroLeague (à 16 ans et 302 jours à Istanbul) ou ses 21 minutes de temps de jeu contre l’Olympiakos, la pépite villeurbannaise a posé la première pierre de sa carrière vendredi soir avec une prestation aboutie face à Baskonia (87-61). « Ça me fait plaisir de voir qu’il peut faire des choses bien en EuroLeague et gagner de la confiance », applaudit son coéquipier Retin Obasohan.

Du temps de jeu, oui, mais surtout un vrai apport

Deuxième plus gros temps de jeu de l’ASVEL contre Vitoria (avec 21 minutes et 36 secondes), Zaccharie Risacher a indirectement gagné ses galons dans la rotation lors de la désillusion roannaise dimanche soir, à laquelle il n’avait pas participé. « Au début, je voulais attendre avant de le lancer », raconte T.J. Parker. « Je ne voulais pas trop lui mettre la pression et essayer de faire un bon début de saison. Mais vu que cela ne s’est pas passé comme on l’espérait, je me suis dit : Allez, c’est parti ! Le gamin le mérite, il n’a pas peur donc vas-y ! » Envoyé au feu en relais de David Lighty dès le premier quart-temps, le natif de Malaga a pesé dès son arrivée en jeu en captant deux rebonds offensifs d’affilée sur la même possession. Idéal pour se mettre en confiance et prouver d’entrée sa capacité à contribuer. « Au-delà de seulement jouer, il peut apporter », souligne Anthony Brossard, son coach en Espoirs. « En l’occurrence, il a eu un vrai apport, il a tout de suite montré ce qu’il était capable de faire, notamment en allant chercher des rebonds. »

En deuxième mi-temps, Zaccharie Risacher a tenté, en vain, de claquer un deuxième dunk (photo : Infinity Nine Media / Julie Darbon)

Et puis, surtout, outre sa capacité à sauter plus haut que les autres, Zaccharie Risacher a étalé sa maturité et une maîtrise bluffante du haut de ses 17 ans. « C’est sa force », acquiesce le technicien U21. « Tout ce qu’il fait est sous contrôle : il n’est jamais trop dans l’émotion ni la frustration. » Très juste dans tout ce qu’il a entrepris, il n’a rien forcé et laissé entrevoir la dimension de son QI basket, tant dans le jeu défensif qu’offensif, à l’image de sa coupe ligne de fond pour aller dunker à la 12e minute. Bref, il était prêt à jouer sur la plus grande scène, ce qui est peut-être la chose la plus difficile à réaliser lorsqu’on est encore un adolescent. « J’en avais parlé avec le coach en début de semaine », sourit-il timidement face à la demi-douzaine de journalistes s’intéressant à lui, le seul moment, peut-être, où il s’est laissé rattraper par son âge. « Il m’a dit que j’allais rentrer dans la rotation donc je n’étais pas surpris. L’idée était d’être agressif, que je défende dur, que je me fasse plaisir dans le sens du jeu, que je joue au basket quoi ! J’ai toujours côtoyé l’équipe professionnelle, ce n’était pas un saut dans l’inconnu, je savais de quoi j’étais capable. Même sur les autres matchs, j’étais prêt à jouer donc ça m’a aidé à être prêt directement pour quand l’opportunité s’est présentée. »

« Il faut en profiter, il est unique ! »

Sous les yeux de son père, Stéphane, assis au deuxième rang, de sa mère, Sandrine, chargée de production pour Skweek, et de sa petite sœur, Aïnhoa, également joueuse à l’ASVEL, Zaccharie Risacher est sorti sous l’ovation de l’Astroballe en première mi-temps. Capable de sanctionner de loin quand il est ouvert et de tenir les duels défensifs, l’ancien joueur du Tassin Écully Olympique Basket présente un bilan final de 5 points à 2/5 (dont un tir désespéré au buzzer), 6 rebonds, 1 passe décisive, 1 interception et 1 balle perdue. « Ce n’est pas une surprise », insiste T.J. Parker. « Il est pareil à l’entraînement. Défensivement, il a vraiment progressé. De toute façon, il sait qu’il faut passer par là pour gagner des minutes mais il s’est endurci, il peut mettre la pression sur la balle. Il a une super qualité de tir, des qualités athlétiques. Il a fait ce qu’il fallait faire : il a défendu, il a mis un tir, c’est très bien. Je suis content pour lui, c’est mérité ! »

Une soirée presque symbolique puisque, comme le rappelait Anthony Brossard, un certain Matthew Strazel s’était déjà révélé face à Vitoria, presque trois ans jour pour jour auparavant, le 29 octobre 2019. Formateur passionné, l’ancien discipline de Pierre Murtin avait lui aussi les yeux emplis de fierté devant la performance de son protégé, à propos duquel il ne tarissait pas d’éloges lorsque nous l’interrogions cet été. « Zacch’ est le joueur moderne par excellence, l’ailier de grande taille qui peut tout faire : monter la balle, jouer des pick and roll, poster, tirer à trois points, défendre beaucoup de positions. Il me fait penser à Luka Doncic, dans la mesure où il fait partie de cette catégorie de joueurs capables de prendre des rebonds, faire des passes et marquer des points. Il sait vraiment tout faire et n’a aucune limite. Il est le plus fort joueur que j’ai jamais entraîné, alors que j’ai déjà vu passer des Théo Maledon ou des Amine Noua. Ceux-là étaient très forts dans un domaine spécifique, lui sait tout faire. C’est là où c’est exceptionnel ! C’est un joueur très rare : il faut en profiter car il est assez unique ! »

Entre les pros, les Espoirs et ses cours de terminale

Biberonné à la balle orange, titulaire de sa première licence dès l’âge de trois ans à l’Élan Chalon, habitué de l’Astroballe depuis sa plus tendre enfance, Zaccharie Risacher représente le plus gros potentiel de la génération 2005. Toujours éligible pour jouer en U18, il continue à cumuler un peu tous les niveaux possibles, à l’image de son enchaînement vertigineux entre les 35 minutes disputées à Roanne en Espoirs dimanche puis les 22 minutes en EuroLeague cinq jours plus tard. « Le fossé est assez fou », s’amuse Anthony Brossard. Lui n’en a cure. « Ce genre d’alternance entre les équipes est un facteur à prendre en compte », admet le héros du soir. « Mais en vrai, je suis habitué. J’ai commencé dès l’année dernière, avec les pros, les U21, U18 et les U17. » Il l’a tellement bien fait qu’il en est d’ailleurs ressorti avec un trophée dans chaque catégorie (!) : champion de France seniors (seulement deux apparitions en Betclic ÉLITE certes), champion de France Espoirs, champion de France U18 et vainqueur de la Coupe de France U17.

Avec ses 2,05 m, Zaccharie Risacher est capable de dominer aux rebonds (photo : Lilian Bordron)

Cette saison, le décor est différent : le fils du vice-champion olympique 2000 est avant tout programmé pour grandir avec l’équipe professionnelle. Les Espoirs sont là en complément, pour lui permettre de continuer à étoffer son jeu et de se développer physiquement, l’un de ses principaux axes de progression. « On essaye de lui mettre la balle entre les mains, de le faire jouer sur des choses qu’il a moins l’habitude d’expérimenter avec les pros », rapporte Anthony Brossard. « Ce qui est réconfortant, c’est qu’il ne triche pas quand il évolue avec nous. À Roanne, s’il joue 35 minutes, c’est d’abord pour lui, pour rester en rythme mais il s’est engagé à fond et a participé à notre victoire. L’idée est de le préparer à être prêt pour ce genre de moment-là. Son match donne raison à tout le monde. » Depuis les départs subis de Victor Wembanyama et Killian Malwaya, Risacher est l’étendard du nouveau projet jeunes de l’ASVEL, où tout est mis en place pour sa réussite. Toujours lycéen, le médaillé de bronze de la Coupe du Monde U17 suit ses cours de terminale (filière scientifique) via le CNED, avec aussi l’intervention de professeurs sur la Tony Parker Adequat Academy, où il réside. « On a mis en place une cellule autour de lui pour l’aider », décrit le technicien parisien. « Il a un emploi du temps chargé entre l’école, les matchs, les entraînements pros et Espoirs. Mais il est assez stable, concentré sur ce qu’il à faire. Il arrive à gérer ça, à s’organiser. J’ai l’impression que ça se traduit positivement et qu’il est sur le bon chemin. » Celui-ci est encore immensément long pour arriver là où il le souhaite, mais la première impulsion donnée vendredi est engageante. Et avec quelques autres sorties comme celles-ci, tout le monde le reconnaîtra bientôt très rapidement dans les couloirs de l’Astroballe…

À Villeurbanne,

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