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ITW Julien Mahé (Saint-Quentin) : « Bosser avec des jeunes joueurs, c’est ce qui me donne le plus envie d’entraîner »

Une ascension aussi fulgurante qu’inattendue. Le 5 février 2020, lorsque Julien Mahé (38 ans) a débarqué à Saint-Quentin, le club figurait dans les dernières places de Pro B. Au bord de la relégation, les Picards n’ont dû leur maintien qu’à la faveur d’un virus qui a bouleversé l’ordre des choses. Dix-sept mois plus tard, le SQBB clôt la saison 2020-2021 à la troisième place, aux portes de la Jeep élite. Enthousiaste, sans verser dans l’euphorie, l’ancien entraîneur de Gravelines-Dunkerque (2017-2019) dissèque avec méthode les raisons d’un tel succès. Une ode au développement des jeunes joueurs pour celui qui entend s’inscrire dans la durée. 

julien-mahe--saint-quentin-----bosser-avec-des-jeunes-joueurs--c-est-ce-qui-me-donne-le-plus-envie-d-entrainer---1624001086.jpegCrédits photo: Sébastien Grasset. Julien Mahé a entraîné le BCM pendant deux années (2017 à 2019)

Julien, quel bilan tirez-vous de cette saison ?   

C’est une saison exceptionnelle. Personne nous attendait là. On avait des ambitions qui étaient mesurées par rapport au fait qu’on avait un effectif très jeune. Il y avait pas mal d’interrogations. Mais on a su tirer le maximum sur le plan collectif et défensif. Souvent, on a pu croire qu’on était une surprise et qu’on s’arrêterait là. Au final, on a réussi à être dans les trois premiers durant quasiment toute la saison. Les joueurs m’ont surpris dans la manière dont ils ont challengé l’adversaire. Il a fallu être présent contre des adversaires soi-disant plus forts. Bien sûr, on a eu des difficultés, comme toutes les équipes, à enchaîner les prestations de qualité quand on jouait tous les 3 jours. Mais on termine troisièmes de Pro B, c’est remarquable.

Il y a un an et demi, quand avez débarqué à Saint-Quentin, l’équipe était mal en point. Vous ne devez votre maintien qu’à une saison blanche décrétée en raison de la crise sanitaire. Quel a été le cheminement pour arriver jusqu’à ce résultat ?

Il y a eu plusieurs étapes. Quand je suis arrivé, on a fait certains constats. Je suis resté cinq matchs avec le même groupe. Quand on a su qu’on se maintenait, on a discuté avec le président sur la méthode de recrutement du club et ce qu’on voulait faire du club. On est tombés d’accord sur le fait qu’il fallait qu’on soit une terre d’accueil pour les jeunes joueurs, étrangers et français. On a un budget et une masse salariale qui sont limités. J’ai pris des jeunes joueurs en prêt. Le président Prache m’a suivi dans la volonté de restructurer le club. On a recruté un préparateur physique à temps complet. Ce qui n’est pas le cas de tous les clubs de Pro B.

Hugo Besson : ‘’ L’étoffe d’un grand scoreur  ‘’

La saison a été aussi marquée par les performances de Parker Jackson-Cartwright (MVP de la saison avec 15, 6 points à 52,5 % de réussite aux tirs, 3,3 rebonds, 7,8 passes décisives et 2,4 interceptions pour 18,7 d’évaluation en 31 minutes). Quelle sont ses points forts ?

C’est un gros défenseur. Il est aussi très rapide. C’est certainement le joueur le plus rapide de Pro B. Jackson joue bien les picks and roll. Il m’a aussi surpris dans sa capacité à scorer. Parce que certes, il scorait 20 points de moyenne en Angleterre, mais ce n’est pas tout à fait le même niveau. Et tout au long de l’année, il a aussi améliorer son leadership. Au final, je trouve ça assez logique qu’il soit élu MVP, car il a permis de faire gagner l’équipe. Ce n’est pas un hasard si les équipes l’ont ciblé très tôt défensivement.

Il va forcément être convoité. Quel avenir lui voyez-vous ?

C’est difficile à dire. On lui a fait une proposition. Mais on ne se fait pas trop d’illusions étant donné qu’il va avoir de grosses offres de la part d’équipes plus huppées. Ce sera important pour lui d’avoir un club qui puisse lui donner des responsabilités, dans on le laisse s’exprimer. Il manque encore de discipline. C’est un jeune meneur de jeu dans le monde professionnel. Ce qui peut faire peur, c’est son physique. Il est encore assez frêle, petit et léger. C’est quelque chose qui pourrait l’empêcher d’aller au très haut niveau. Mais ça peut devenir un très bon meneur de jeu.

Autre révélation de l’année, c’est Hugo Besson, meilleur scoreur de Pro B (19,3 points en 30 minutes de jeu) et meilleur espoir de l’année. Qu’est-ce que vous avez travaillé spécifiquement pour qu’il progresse aussi vite ?

On s’est assez vite mis d’accord avec ses représentants, l’Elan Chalon (club avec lequel il est sous contrat) et nous pour mettre en valeur ses qualités. On savait qu’il pouvait scorer, mais il y avait de gros points d’interrogation sur sa capacité à s’adapter à la Pro B. Il a su répondre présent. Car il a énormément travaillé sur le plan physique. C’était pour moi fondamental qu’il puisse être meilleur sur ses jambes et qu’il puisse mieux tenir les impacts. En début d’année, il choisissait mal ses tirs, il s’emplafonnait sur la défense… Mais il a énormément travaillé là-dessus. Il a engrangé beaucoup de confiance. Quelque soient ses prestations, on avait confiance en lui, et lui en nous. Au-delà de ses performances, c’est quelqu’un qui ne rechigne jamais à la tâche. Il est très à l’écoute.

Ce que je trouve impressionnant cette saison, c’est sa constance. Il a joué 27 matches. Il a marqué 26 fois au-dessus de 10 points. C’est l’étoffe d’un grand scoreur.

‘’ J’essaie toujours de m’adapter ‘’

A titre individuel, est-ce que vous avez l’impression d’avoir mûri en tant qu’entraîneur ?

Je pense que chaque entraîneur mûrit tout au long de sa carrière. Mais c’est vrai que j’ai pu mettre à profit les quelques mois pendant lesquels je n’ai pas travaillé en allant dans des structures en France et à l’étranger. Cette année, j’ai aussi progressé au contact des joueurs. Je leur ai dit dans le vestiaire. Travailler avec des jeunes joueurs, c’est ce qui me donne le plus envie d’entraîner. Quand je vois des jeunes qui sont avides de travail, ça me rend heureux.

Sur quels aspects avez-vous progressé ? Le management, la tactique… ?

En termes de management, on essaie de conserver les bonnes choses qu’on a pu faire. Mais j’essaie de toujours m’adapter. Durant la saison, il a fallu s’adapter aux joueurs. Par exemple, les premières propositions de systèmes 10 jours après le début de la présaison ont disparu au bout de trois semaines. On a tout changé, parce qu’on a vu que les garçons ne comprenaient pas les lectures de jeu. Tout est une question d’équilibre. Il faut savoir ce qu’on veut faire, mais il faut aussi s’adapter aux profils de nos joueurs.

Est-ce qu’il y a des entraîneurs qui vous inspirent tout particulièrement ?

J’aime regarder ce qui se fait au haut niveau. Par exemple, j’ai eu la chance de voir travailler Gregor Beugnot chaque jour à l’entraînement. J’ai observé ce que faisaient les entraîneurs à côté desquels je bossais. Après, j’essaie de m’enrichir des matchs en Espagne, en Turquie, en Allemagne. Cette année, j’ai ciblé le Bayern Munich et Barcelone. J’essaie de piocher un peu partout pour aller chercher des idées.

On sait que le club n’a pas de centre de formation agréé par la fédération, ce qui vous bloque pour accéder en Jeep élite. Où se situe le club sur ce point ?

Je pense qu’on aura l’agrément en 2022. Ca a été une des premières demandes que j’ai faites à Laurent Prache. Je savais que le club était encore en N1 il y a peu de temps, et que ça prendrait du temps. Là, il y a une volonté de repartir. Il faut toujours une première saison avant l’agrément. Quand on l’aura, ça va changer beaucoup de choses. Parce que, jusqu’à présent, on avait l’obligation réglementaire de prendre quatre joueurs locaux de moins de 23 ans. On sera plus sélectifs dans nos choix.

En parlant de choix, quelle a été la logique de votre recrutement jusqu’à présent ?

On a envie de conserver un maximum de joueurs, mais c’est très compliqué. Pour l’instant, on a réussi à conserver William Pfister et Benoît Gillet. C’était très important pour nous de les garder avec nous. Ensuite, pour les joueurs de moins de 23 ans, on a annoncé l’arrivée de Calvin Hippolyte. Il n’a que 21 ans. Il est déjà dans un vrai rôle au Havre, en N1 depuis deux ans, avec 10 points et 4 rebonds par match dans une équipe qui jouait les premiers rôles.

On a très peu de places pour des joueurs français de plus de 23 ans. On est très sélectifs sur ces aspects-là. Enfin, on s’attaquera aux joueurs étrangers, tout en gardant un œil sur ceux qu’on avait cette saison, si par bonheur, on peut trouver un terrain d’entente. Même si aujourd’hui, on sait très bien que ce sera compliqué. En début de marché, chacun a envie d’obtenir un peu plus que ce qu’il avait l’année dernière.

 

                

 

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