ITW Lionel Gaudoux : « Certains joueurs de l’équipe de France étaient choqués par mon parcours ! »

Ici au dunk lors du match France – Sénégal à l’INSEP lundi après-midi, Lionel Gaudoux a été partenaire d’entraînement des Bleus pendant cinq jours
Lionel, avez-vous l’impression de sortir de cinq jours hors du commun ?
Quand même, oui ! Déjà, je ne m’attendais pas à recevoir cet appel-là. Pouvoir vivre une expérience comme ça, c’était assez fou. Je suis content d’avoir pu le faire.
Qui vous a appelé du coup ?
Boris Diaw. C’est lui qui m’a expliqué qu’ils avaient besoin d’un joueur pour intégrer le groupe étant donné que les joueurs NBA ne pouvaient pas s’entraîner avant le 30 juillet. En parallèle, c’était aussi un moyen pour eux de voir comment je réagissais par rapport à l’équipe de France, par rapport au groupe, en prévision éventuellement des prochaines fenêtres.
Du coup, est-ce que ça surprend quand on voit le nom de Boris Diaw s’afficher sur son téléphone ?
(il rit) Oui, c’est spécial ! Au-delà de Boris Diaw, je ne m’attendais même pas à ce que l’équipe de France m’appelle. Mais oui, c’est Boris Diaw. Quand je vois ça, ça me met un petit coup de stress (il rit). Je me dis : « Pourquoi il m’appelle ?! », même si dans le fond, tu sais pourquoi… Tu sais qui il est, tu sais ce qu’il fait avec l’équipe de France. Tu te dis : « Ah OK, c’est peut-être une bonne nouvelle ! » En plus, à la base, je ne décroche pas tout de suite, il me laisse un message et quand je le lis, je vois que c’est Boris Diaw. J’étais content, je comprends qu’il y a peut-être quelque chose qui peut se faire dès cet été. C’est ce que je voulais mais je ne m’y attendais pas du tout. Je ne pensais pas que ce serait à cette période, plutôt sur les fenêtres. Donc j’étais vachement heureux.
« Tout est un degré au-dessus de ce que j’avais connu »
Cela signifie que le staff a remarqué vos performances depuis votre arrivée en Betclic ÉLITE en 2023…
Oui, c’est ce qu’il m’a expliqué aussi. Boris m’a dit qu’ils regardaient ce que je faisais avec Chalon et qu’ils ont vu que je faisais de belles choses. C’est gratifiant. En plus, je ne me suis jamais caché que je voulais faire une fenêtre un jour avec l’équipe de France. Donc c’est bien de le savoir que le staff des Bleus suit ce que je fais.
Comment se sont passés ces cinq jours avec les Bleus alors ?
Très bien ! J’ai pris énormément de plaisir. Sur le terrain, j’étais vraiment partenaire d’entraînement. Il fallait prendre la place des joueurs NBA et soulager, entre guillemets, les intérieurs comme Vincent (Poirier) et Mam’ (Jaiteh) afin qu’ils puissent arriver sur les matchs amicaux officiels prêts et frais physiquement. Chaque matin, il y avait entraînement avec tout le groupe. L’après-midi, c’était beaucoup de travail individuel, que ce soit en musculation ou sur le terrain. C’était une expérience de fou. Ça m’a apporté beaucoup de réponses sur ce qu’est le haut niveau.
Qu’avez-vous appris concrètement ?
Il n’y avait que des joueurs NBA ou EuroLeague : tu le vois dans leur manière d’être, leur manière de travailler, de se comporter sur le terrain, de parler… En fait, tout était un degré au-dessus de ce que j’avais connu jusque-là. Quand tu es le petit nouveau, tu regardes comment font ces mecs pour être à ce niveau-là : comment ils travaillent sur leur corps, comment ils travaillent techniquement, etc.
« Il y a des joueurs qui ne me connaissaient pas du tout ! »
Vincent Poirier était déjà en équipe de France l’été où vous passiez de la Nationale 3 à la Nationale 2, en 2017…
C’est ouf hein ! (il rit) Les mecs ont une expérience de fou dans le milieu, ils sont en place. Tu le vois aussi à la façon dont ils sont à l’aise avec les joueurs qui les entourent. Vincent est celui qui a le plus de sélections (60) dans le groupe actuel. Ils m’ont vraiment apporté beaucoup de choses. Ils m’ont même aidé à m’intégrer dans le groupe, alors que je ne connaissais pas personnellement la plupart des joueurs.

Il y a même des joueurs qui ne devaient pas du tout connaître votre nom ?
Ah ben clairement ! Il y en a qui ne me connaissaient pas du tout, surtout les joueurs NBA, à part Zaccharie (Risacher) que j’avais affronté quand il était à Bourg. Mais on a appris à se connaître. Au-delà du terrain, j’ai parlé avec beaucoup d’entre eux. Tu vois ce qu’ils vivent dans leur saison en club, en NBA ou en EuroLeague. Étant donné que je suis quelqu’un qui cherche à aller vers le plus haut niveau, j’ai posé pas mal de questions. C’était vachement enrichissant de voir comment ça se passe dans leurs clubs respectifs, comment ils travaillent pendant la saison ou au cours de l’été. J’ai eu beaucoup de réponses. C’était vraiment une bonne semaine, j’en ressors avec beaucoup de choses en tête, sur ce que je vais devoir travailler. Je repars avec des objectifs personnels et beaucoup d’ambitions. Mine de rien, c’est un peu addictif aussi. Tu mets un petit pied là-dedans, même si ce n’est pas une sélection, et t’as envie de revenir (il rit). Je vais me donner les moyens pour. J’ai discuté avec les coachs, Freddy Fauthoux, Pascal Donnadieu, Laurent Vila, Joseph Gomis… Ça m’a donné beaucoup de réponses sur ce que j’attendais, comment je peux y arriver, etc. Étant donné que je viens de loin, peu de gens pensaient que je pouvais arriver jusqu’ici. Ça m’a donné envie de revenir.
Vous savez donc ce que le staff attend de vous pour vraiment vous faire revenir sur un match officiel ?
D’être bon sur les séquences avec mon club, déjà. Mais les coachs me connaissent maintenant. Ils m’ont dit que s’ils m’ont fait venir, c’est parce qu’ils savaient quel joueur j’étais. Ils voulaient surtout voir comment je pouvais réagir face à un groupe d’un tel niveau et je pense que j’ai montré de belles choses. Pour une petite première, je suis assez satisfait, même si j’aurais encore pu faire mieux. Après, ça, c’est parce que je suis dur avec moi-même. Au moins, je sais comment je pourrais revenir dans un groupe comme ça, si j’en ai l’occasion.
« J’en ressors grandi ! »
Y-a-t-il des joueurs qui ont montré de la curiosité envers votre parcours ? Dans le même groupe, il y avait des numéros 1 et 2 de draft, donc des surdoués pratiquement prédestinés depuis le début, et quelqu’un comme vous qui a galéré dans toutes les divisions nationales, soit des parcours aux antipodes…
Oui, je me rappelle de Moussa Diabaté par exemple. Il a vite quitté la France, il n’a pas trop suivi la Betclic ÉLITE et il ne me connaissait pas du tout. Quand je lui ai expliqué mon parcours, il était choqué (il rit). C’était drôle. Pareil pour Yoan Makoundou, il me connaissait un peu mais pas mon parcours. En même temps, c’était une manière pour moi de leur montrer que j’ai faim de réussir, que ce n’est pas pour rien si je suis là. C’est parce que j’ai bossé de fou pour pouvoir y arriver. C’était marrant parce qu’on comparait un peu la manière dont on est monté en tant que professionnels. Mais c’est vrai que mon parcours était assez choquant pour eux, de voir la manière dont j’ai pu monter aussi vite après avoir commencé aussi tard. C’était drôle.
Lundi, vous avez pu participer au match d’entraînement contre le Sénégal…
Oui, c’était cool. Même si ce n’était pas un match officiel, j’ai pu porter le maillot et jouer avec le groupe. C’était cool. Je n’étais pas sûr de pouvoir jouer jusqu’à ce que Freddy Fauthoux me prévienne que je serai dans le groupe. Quand il me l’a dit, j’étais content. Je m’étais préparé pour pouvoir le jouer au cours de la semaine. Ce qui est chouette, c’est qu’ils m’ont donné des minutes. J’ai pu montrer quelques petites choses. C’est cool, l’expérience était vraiment top. J’en ressors grandi !
Lionel Gaudoux en haute altitude 💥#TeamFranceBasket | #PassionnémentBleu | #EuroBasket pic.twitter.com/arjwO8qgIf
— Équipes de France de Basket (@FRABasketball) July 28, 2025
Mais on ne peut pas encore dire que vous êtes passé de la départementale à l’équipe de France…
(il rit) Non, pas encore ! J’ai touché l’équipe de France mais je ne suis pas encore passé de la départementale à l’équipe de France. Ce n’était pas une sélection, on a fait appel à moi et j’en suis très content, mais j’ai pour objectif d’avoir une sélection avec l’équipe de France, lors d’une vraie fenêtre, avec un vrai rôle. Quand tu es partenaire d’entraînement, tu sens que tu es partenaire d’entraînement, pas un joueur sélectionné. J’aimerais maintenant le vivre à 100%.
« L’équipe de France, c’est le Graal,
surtout vu d’où je viens ! »
À quel point est-ce important dans votre carrière de pouvoir connaître au moins une vraie sélection en équipe de France ?
Je le place comme une priorité. L’équipe de France, c’est le Graal pour moi, surtout vu d’où je viens. Pouvoir être sélectionné avec les Bleus, ce serait une belle reconnaissance. C’est un vrai objectif que j’avais déjà depuis quelques temps. Maintenant que j’ai mis un petit pied là-dedans, j’ai clairement envie de revenir et je vais m’en donner les moyens.
Avez-vous eu droit à un discours dans le vestiaire après le match contre le Sénégal ?
Oui, le coach m’a remercié d’être venu, d’avoir fait cette semaine avec eux, que ça s’est bien passé. Les joueurs étaient aussi contents pour moi. De recevoir les remerciements des gars, c’était beau à vivre. On avait un groupe WhatsApp aussi et je les ai remerciés avant de partir. Je leur ai dit que j’étais content d’avoir pu être avec eux, que ça s’arrêtait là pour moi et que je leur souhaitais d’aller le plus loin possible. J’ai discuté avec certains individuellement avant de partir : les mecs étaient contents de m’avoir vu, d’avoir fait connaissance. Franchement, c’était vachement cool.

Vous qui avez côtoyé ce groupe de l’intérieur, pensez-vous que les Bleus ont les moyens de faire quelque chose à l’EuroBasket ?
Franchement, oui. À un moment, je me suis posé et je regardais un peu les gars. On lit dans les journaux que c’est une second unit, qu’il manque les meilleurs joueurs mais ceux qui sont présents sont tous talentueux en fait ! On ne se rend pas compte à quel point notre vivier est important en France. Alors oui, je pense clairement qu’on a une chance d’aller chercher, au moins, une médaille. C’est indéniable, je n’ai aucun doute là-dessus. On a énormément de qualité, avec des mecs d’expérience, sur tous les postes. Il y a forcément quelque chose à faire.
« Une belle fierté d’être arrivé
jusqu’en Coupe d’Europe avec Chalon ! »
Personnellement, c’est une saison charnière qui s’annonce pour vous à l’Élan Chalon avec la découverte de la Coupe d’Europe…
Oui et j’en suis très content. Quand je suis arrivé à Chalon, on était en Pro B. J’ai réussi à rester dans le club, à y avoir un rôle important pour arriver jusqu’en Coupe d’Europe. C’est déjà une belle fierté pour moi. Maintenant, je n’ai pas envie qu’on y aille en tant que touristes. On va essayer de se mettre vite dans le bain et montrer qu’on est capables d’exister sur cette scène-là. Il faudra le prouver sur le terrain. Je suis très heureux d’être sur la scène européenne, c’est quelque chose qui manquait à ma carrière. C’est une nouvelle expérience et je suis content de la vivre avec Chalon.
D’autant plus que votre effectif semble particulièrement intéressant sur le papier, entre le maintien de certains de vos meilleurs joueurs et quelques recrues de bon niveau…
Grave. C’est bien d’avoir pu garder les joueurs qu’on a réussi à prolonger. Ce n’est pas tous les clubs qui y parviennent. Ça veut dire qu’ils se sentaient bien. C’est archi-important de ne pas repartir de zéro, ça permettra de vite mettre les nouveaux dans le bain pour pouvoir créer une alchimie assez rapidement.


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