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ITW Paul Lacombe, les dessous de son retour à Strasbourg

À l'aube de son 264e match avec la SIG Strasbourg, son premier depuis son retour acté lundi dernier, Paul Lacombe s'est confié sur les dessous de son come-back en Alsace. L'international français a justifié son départ de l'ASVEL par une volonté de retrouver du plaisir et des responsabilités.
ITW Paul Lacombe, les dessous de son retour à Strasbourg
Crédit photo : Olivier Fusy

En débarquant à Strasbourg cette semaine, Paul Lacombe a pu avoir l’impression d’être replongé neuf ans en arrière. Vers cet été 2013 où il avait quitté l’ASVEL, sur une situation d’échec, afin d’aller s’émanciper en Alsace. « Bis repetita en effet », sourit-il. « Si l’on suit la logique, cela veut dire que je finirai à Monaco alors ! » S’il y a fort à parier que la boucle ne l’emmènera pas de nouveau du Rhénus vers Gaston-Médecin au cours des prochaines années, le triple champion de France est tout de même dans une situation différente par rapport à 2013. À l’époque, il était un jeune en quête de reconnaissance, généreux, enthousiaste mais souvent trop désordonné (1,7 point en 10 minutes de moyenne). Cette fois, alors qu’il est devenu entre-temps une figure du championnat, il ne revient pas pour se révéler, mais pour se relancer.

En manque de temps de jeu à l’ASVEL (12 minutes de moyenne en Betclic ÉLITE, 7 en EuroLeague), dans le sillage d’une finale 2022 où son rôle fut négligeable (33 minutes au total sur la série, dont 20 lors du seul Match 2 remporté de 37 points par Villeurbanne), Paul Lacombe a quitté son club formateur, où il était pourtant lié jusqu’en 2024, afin de rejoindre la SIG Strasbourg, pour deux ans aussi. Un retour en forme de rayon de soleil dans la grisaille alsacienne, avec un club empêtré dans un début de saison déprimant (1v-6d) et qui fonde beaucoup d’espoir sur celui qui, par son dévouement et son abattage, a parfaitement symbolisé l’âge d’or vécu par la SIG dans les années 2010. « J’attends de lui qu’il soit le meilleur joueur possible et qu’il joue le meilleur basket de sa carrière », a notamment déclaré Lassi Tuovi. De son côté, le Vénissian veut surtout jouer au basket, tout court.

Paul, tu es arrivé lundi matin à Strasbourg. Comment s’est passée cette semaine ?

Plutôt bien ! On s’est pas mal entraîné : on a vu les systèmes, la façon de fonctionner, etc. J’ai été bien intégré dans le groupe et j’ai vite repris certaines marques que j’avais ici précédemment. En toute honnêteté, ça facilite les choses que de revenir dans un club que je connais déjà, même en milieu de saison. Je suis vraiment content et en harmonie avec mon choix.

Comment ce transfert a-t-il pu avoir lieu ? Était-ce une volonté de ta part ou une affaire de circonstances ?

Paul Lacombe avec l’ASVEL le 8 octobre dernier (photo : ESSM Le Portel)

J’avais déjà émis le souhait de partir de l’ASVEL l’été dernier. Malheureusement, ça ne s’était pas fait. Le club avait quand même été clair avec moi en me disant que je n’aurai pas un gros temps de jeu. C’était clair et net depuis le début. Malgré tout, on a toujours cherché une porte de sortie avec mon agent. Malheureusement pour l’équipe, les mauvais résultats de la SIG ont fait qu’ils se sont tournés vers moi. Donc tant mieux pour moi ! On va tout faire pour redresser la barre maintenant.

« J’en avais marre d’être un bouche-trou »

Sentais-tu que ton horizon était vraiment bouché à l’ASVEL, qu’il n’y avait plus de perspectives ?

Oui. Enfin, à court-terme, il n’y en avait pas. Après, il peut se passer plein de choses pendant une saison, pour l’avoir vécu pendant ces deux dernières années. Mais à un moment donné, j’en avais marre d’attendre, d’être, en guillemets, un bouche-trou. Je voulais vraiment trouver ma place ailleurs. J’espère que c’est ce que je saurai faire ici à Strasbourg.

De fait, il y avait un sentiment d’impatience ou de frustration pour toi ces dernières semaines ?

C’est ça. Mais j’avais toujours cette idée d’un départ en tête. Ça a été ma source de motivation car ce n’est pas toujours évident de l’être quand on est mis de côté et qu’on ne joue pas. C’était un peu mon axe pour me dire d’être performant quand je rentre. En plus de l’être pour l’équipe, évidemment, car j’ai toujours été un joueur d’équipe. Mais je me disais qu’on ne savait jamais, qu’en étant bon sur cette rencontre, peut-être que je pourrais susciter l’intérêt d’autres équipes.

Quel bilan tires-tu de ces deux saisons à Villeurbanne ?

La première a été un peu compliquée, avec l’apprentissage et la découverte de plein de choses. Mais l’année dernière a été super, où j’ai vraiment pu m’exprimer sur certains matchs en EuroLeague. Je n’étais pas un leader de l’équipe mais j’étais un role-player. Et quand on m’a donné deux – trois fois l’opportunité de me montrer, je l’ai plutôt bien fait donc je suis très satisfait de mon année sportive. Aussi, vu que j’étais chez moi, j’en ai profité pour voir la famille et les amis. Je n’en retire que des bonnes choses ! Mais là, il était vraiment temps de partir.

Surtout, tu as brisé la malédiction, entre guillemets, en étant deux fois champion avec ton club formateur…

Déjà sacré en 2009 dans un rôle de joueur du bout du banc, Paul Lacombe a remporté deux nouveaux titres de champion avec l’ASVEL (photo : Infinity Nine Media / Alexia Leduc)

On peut dire ça, oui (il rit) Je suis forcément très satisfait d’avoir gagné mais en 2021, c’était sur une année un peu bizarre, avec un Final Four tout aussi bizarre. L’année dernière, le titre a été vraiment top et je suis content d’avoir marqué un peu l’histoire de ce club que j’aime tant.

Justement, en 2021, tu es brillant en finale mais dans un format très particulier, alors qu’en 2022, tu joues très peu mais tu parviens enfin à gagner un Match 5, en plus au cours d’une finale qui restera dans la légende. Mets-tu les deux titres sur un pied d’égalité ?

Honnêtement, oui. Car la première saison a été tellement compliquée et galère que j’ai vraiment savouré ce titre. Surtout que je faisais partie de ceux qui venaient de très loin en ayant perdu plusieurs fois en finale (six défaites d’affilée, ndlr). Après, l’année dernière, la finale a été incroyable mais ces deux titres ont la même saveur à mes yeux.

« La SIG est un club qui me tient à cœur »

Vas-tu regarder le match de l’ASVEL ce soir à Bologne (entretien réalisé vendredi après-midi, ndlr) ?

Bien sûr, oui. Je vais zapper entre eux et Monaco. De toute façon, je suis un amoureux du basket à la base, je regarde les matchs en général, de tout : NBA, EuroLeague, EuroCup, BCL… J’aime bien regarder quand j’ai des potes, quand je connais des gars, pour m’intéresser à ce qu’ils font. Mais forcément, je vais continuer à suivre de près l’ASVEL pendant un petit moment encore. Est-ce que ça va me faire bizarre ? Non car je suis content d’être à Strasbourg. Je ne vais pas mentir, on ne tourne pas la page aussi rapidement mais je pense que je n’en suis pas loin.

Quitter Villeurbanne, c’est une chose. Mais pourquoi avoir choisi la SIG plus spécifiquement ?

C’était l’opportunité du moment, mais pas que. J’avais déjà eu des contacts avec eux cet été, ce n’était pas loin de se faire. En plus, la SIG est un club qui me tient à cœur. J’ai toujours joué le titre depuis le début de ma carrière (huit finales d’affilée, série en cours, ndlr). Je voulais tenter une autre expérience, vivre autre chose mais pas non plus, sans manquer de respect à personne, repartir de plus bas. Je voulais quand même essayer d’avoir une Coupe d’Europe, continuer à jouer des choses. Or, la SIG a montré ces trois dernières années qu’elle restait une équipe compétitive de notre championnat. Malgré le mauvais début de saison, il y a quand même de l’espoir pour la suite, que ce soit cette année ou la prochaine.

Le fait d’être à Strasbourg te replonge-t-il un peu dans une autre époque ?

Paul Lacombe en octobre 2013 à Antibes, son troisième match avec la SIG (photo : Sébastien Grasset)

Oui ! Et aussi pour les gens d’ici je pense. Il y a eu un bel engouement autour de ma signature donc je remercie le peuple strasbourgeois et alsacien, ça m’a vraiment fait plaisir. Malgré les finales perdues, je sens que ça rappelle à tous de beaux souvenirs et de belles années.

Justement, n’y-a-t-il pas un peu plus de risque pour toi d’aller à Strasbourg que n’importe où ailleurs ? À la SIG, tu es le symbole de la période dorée du club. Revenir dans un ancien club, cela peut être à double tranchant…

Je ne sais pas. On pourra en reparler dans quelques temps mais pour l’instant, je n’ai vraiment aucune pression. J’ai un peu ces images des fenêtres internationales quand j’y allais en sortie de l’ASVEL, j’ai envie de prendre du plaisir et de jouer au basket. Parce que j’ai encore beaucoup d’amour pour ce sport ! Au-delà de cela, je peux encore donner des choses. Je ne suis pas dans une optique où je me dis que je dois en mettre 20 dimanche à Bourg ou qu’il faut que je fasse un triple-double. Non non, je vais tout faire pour qu’on gagne, en étant moi-même et en étant précieux pour une équipe car j’ai encore des choses à apporter, ce que je ne pouvais pas faire ces dernières semaines. Je n’ai pas d’objectifs personnels, je ne raisonne que par le collectif : je veux surtout que la SIG redresse la barre et qu’on fasse la Leaders Cup.

« Aller chercher le record du plus grand nombre de matchs dans l’histoire du club, c’est un petit objectif personnel »

Tu as joué 263 matchs avec Strasbourg, remporté deux trophées (Leaders Cup et Coupe de France 2015), disputé une finale d’EuroCup, tu y es devenu All-Star… Cela a été le club tremplin pour toi. Qu’est-ce que la SIG représente à tes yeux ?

C’est le club qui m’a révélé ! Mais par exemple, en arrivant, je retrouve quelques têtes connues dans les bureaux. Et assez rapidement, ils m’ont dit que je risquais de battre le record du plus grand nombre de matchs dans l’histoire du club (détenu par Jérémy Leloup, avec 319 matchs, ndlr). C’est peut-être un petit objectif personnel à aller chercher. Ça montrerait que j’ai vraiment marqué ce club, ce serait sympa et ça ferait plaisir.

Sachant que tu as vu les derniers matchs et que tu as maintenant une semaine d’entraînement dans les jambes, que penses-tu de cette équipe de la SIG ?

Je suis très optimiste pour la suite car le groupe est sain et on ne part pas de zéro. Il y a des bons joueurs de basket (il le répète). Il y a quelque chose à faire, pour de vrai. Ce n’est pas de la langue de bois ou juste pour essayer de se rassurer, il y a vraiment quelque chose à faire. Regardez le match contre l’AS Monaco dimanche : cette rencontre-là, avec une équipe qui doute un peu moins, tu peux la prendre. Ils n’étaient vraiment pas loin, ça s’est joué à trois minutes près. Avec plus de confiance, ils gagnaient. C’est pour ça que je suis assez optimiste pour la suite. On me qualifie souvent d’un côté guerrier et c’est ce que je vais essayer d’influer pour dimanche. À Bourg, il ne faut pas qu’on fasse un beau ou un grand match de basket, il faut juste qu’on gagne. Quand on veut juste gagner, il faut aller à la bagarre.

Surtout que tu as l’expérience de ces débuts de saison poussifs : tu l’as vécu à Strasbourg en 2016 ou à Monaco en 2018, et vous êtes toujours allé en finale…

Exactement, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Souvent, j’ai vu que l’élément déclencheur était un changement de joueur. Ou l’entraîneur qui change, mais j’espère qu’on n’en arrivera pas là car le coach Tuovi est vraiment compétent et j’ai un attachement particulier pour lui. Par exemple, à Monaco, il y avait certes eu Obradovic mais c’est surtout l’arrivée de Dee Bost qui avait un énorme effet. Donc ça peut vraiment changer les choses.

Dans le communiqué de la SIG, tu as déclaré que tu voulais montrer que tu étais toujours un vrai joueur de basket. Qu’est-ce que tu voulais dire exactement ?

À Strasbourg, Paul Lacombe va retrouver quelques têtes connues, comme l’assistant Frank Kuhn (photo : Guillaume Poumarède)

Quand j’ai fait le choix d’aller à l’ASVEL, je savais que je serai un role-player. Il faut savoir accepter, parfois, de moins jouer, d’avoir moins de ballons mais de rester utile. Ce n’est pas évident, tout le monde ne peut pas le faire. Je trouve l’avoir plutôt bien fait pendant deux ans. Mais je sais que je peux toujours apporter d’autres choses, que je peux être un joueur leader dans une équipe, ce que je n’étais pas à l’ASVEL. En arrivant à la SIG, je ne serai pas le même joueur car il y a plus d’attente autour de moi. Mais j’ai envie de montrer que j’en suis capable, tout simplement. C’est pour ça que je dis vouloir prouver que je suis toujours un vrai joueur de basket.

« Je me suis entraîné avec le sourire toute la semaine »

Est-ce que cela veut aussi dire que les gens ont oublié qui était le Paul Lacombe de Strasbourg et Monaco ?

C’est un peu ça. Mais à juste titre car quand tu es cantonné dans un rôle pendant deux ans, les gens oublient vite et tu ne peux pas leur donner tort. Après, si j’en ai rien à cirer de ce que le grand public pense de moi, j’ai quand même envie de montrer à ma famille et mes proches qui je suis vraiment.

Justement, quand on a 32 ans et une carrière comme la tienne, a-t-on vraiment encore des choses à prouver ?

Non non, et c’est d’autant plus pour ça que je suis bien dans mes baskets car j’arrive à la SIG sans rien avoir à prouver. À mes yeux, c’est la notion de plaisir qui est la plus importante pour moi. Or, là par exemple, je me suis entraîné avec le sourire toute la semaine. Je pense que je vais me régaler à jouer le jeu de Lassi, tout en reprenant des responsabilités.

Il y a un changement de prisme depuis ton époque strasbourgeoise : à l’époque, le championnat était ouvert aux quatre vents alors que deux clubs, Villeurbanne et Monaco, sont maintenant appelés à le dominer. Tu as été dans ces deux clubs, tu as connu leur volonté d’éviter toute surprise. Maintenant, tu passes de l’autre côté. Est-ce que des clubs comme Strasbourg peuvent encore tirer leur épingle du jeu dans le championnat de France ?

Bien sûr. On le voit encore avec notre mauvais début de saison avec l’ASVEL. Le truc, c’est que tout le monde veut taper l’ASVEL ou Monaco. Bon, la Roca Team cette année ne laisse pas beaucoup de place aux autres alors qu’on a déjà laissé filer trois matchs avec Villeurbanne, et c’est déjà trop. Mais on ne sait jamais sur une saison, à l’image de ce qui se passe avec le PSG au foot. C’est le mastodonte du championnat mais il y a des années où ils n’ont pas terminé champion. Donc pourquoi pas ! On ne va pas se mentir, ce n’est pas super bien parti pour cette saison mais pourquoi pas l’année prochaine. On va déjà se concentrer sur autre chose de notre côté mais des équipes comme Le Mans ou Boulogne-Levallois peuvent leur poser des problèmes. Après, c’est évident que ça ne se reproduira pas chaque année. La finale tracée reste ASVEL – Monaco.

Lundi, tu retrouveras aussi les Bleus pour deux matchs contre la Lituanie et la Bosnie-Herzégovine. Dans quel état d’esprit abordes-tu ce retour en sélection ?

Un peu à l’image de ce que je vais essayer de faire avec la SIG. Je n’ai pas une cape de super-héros mais je vais essayer d’aider l’équipe à se qualifier pour la Coupe du Monde. Je crois qu’il n’y a qu’un seul match à gagner donc c’est en bonne voie. Et prendre du plaisir ! À ce stade de ma carrière, c’est vraiment tout ce que je veux : aider un groupe et prendre du plaisir. C’est d’ailleurs pour ça qu’on m’appelle en équipe de France.

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