Jérémy Bichard et Challans promus en Elite 2 : “C’est pour ce genre de moment que je joue au basket”

Jérémy Bichard soulève le trophée de champion de NM1 avec Challans.
Au terme d’une série à rebondissements, le Vendée Challans Basket a validé sa montée en Élite 2 (ex Pro B) dimanche 22 juin sur son parquet, face à Mulhouse (80-70). 36 ans après, les Challandais retrouvent une place dans l’antichambre de l’élite française, après une saison plus grande qu’espérée.
Meneur de l’effectif vendéen depuis quatre saisons, Jérémy Bichard (1,86 m, 34 ans) revient sur le scénario et la clé de ce succès, et sur son rôle au sein de l’effectif, lui qui a déjà connu une montée en 2021.
Comment vous sentez-vous, quelques heures après ce titre de champion de NM1 ?
Fatigué (rire) ! On a fait la fête, c’est une immense fierté de ramener ce titre à Challans, 36 ans après. Les festivités se prolongent de trois jours, d’abord avec une réception à la mairie lundi matin puis une soirée avec les partenaires le mardi soir, avant de se retrouver en équipe pour prendre le temps de profiter. Depuis le coup de sifflet final dimanche, on est un peu éparpillé avec nos proches qui ne veulent que célébrer évidemment. Mais je pense que l’on ne réalise pas encore ce que l’on a accompli.
Challans vit basket et la défaite du vendredi au match 2 a ravivé encore plus le soutien des supporters. On a vécu, et on vit encore, quelque chose de spécial ! Il n’y a que le sport pour nous procurer des émotions pareilles !
Vous attendiez-vous à un tel scénario, avec une victoire à l’extérieur, puis une défaite et enfin une victoire à la maison ?
Pas vraiment. Je nous voyais plutôt perdre à Mulhouse mais remporter les deux à la maison, à Challans. Mais on a montré qu’on avait les qualités pour remporter le match 1 chez eux. On l’avait emporté à Tours et au Havre également, durant les phases finales et pendant la saison. Par contre, on avait seulement perdu deux fois à domicile, deux fois d’un point avec la balle de match dans nos mains, alors on pensait pouvoir finir dès vendredi devant notre public.
“On était dans notre ADN, et ça m’a rassuré tout de suite”
Comment vous êtes-vous remobilisés après la défaite à domicile lors du match 2 ?
Après le match 2, ça n’était pas facile dans les vestiaires, car on a pris un coup sur la tête. Beaucoup de personnes nous parlent des 30 points d’écart. Mais lorsque l’on regarde le match, il n’y avait pas tant d’écart. Nous étions à -8 à la fin du troisième quart-temps, mais on prend un éclat avec un 10-0. À partir de ce moment-là, on savait que c’était fini, alors on s’était déjà focalisé sur le match 3, du dimanche. Le dernier quart-temps était anecdotique. Et puis, on savait pourquoi on avait perdu : notre grande force cette année était l’intensité, notre combativité, et sur le match 2 elles n’y étaient pas. On est vite passé à autre chose car on était conscient de ce qu’il fallait corriger.
Dès samedi matin, j’ai vu que c’était différent. On a beaucoup parlé, les sourires sont revenus progressivement, car on savait qu’on pouvait réagir. J’ai senti l’équipe mobilisée, concernée. Au visage de mes coéquipiers, j’ai senti que ça ne serait pas le même match que le vendredi.
Tout ce chemin jusqu’à ce match 3…
Pour moi, on a dominé tout le match. Cela ne se voit pas dans l’écart au score à la mi-temps [30-30, ndlr.] mais on a eu beaucoup de tirs ouverts que l’on n’a pas mis dedans. On s’est créé beaucoup d’occasions, on a mis Mulhouse en difficulté qui n’avait que des tirs compliqués. La clé du match résidait dans le fait de savoir si on allait réussir à se libérer et mettre enfin ces tirs. À partir du moment où on a su les rentrer, on a fait l’éclat qui nous a permis de prendre les devants. Mais je n’ai jamais douté : dès les premières minutes, nous étions intenses, présents, avec un public incroyable. Mulhouse a vendu chèrement sa peau, c’est une belle équipe qui ressemble à la nôtre, mais on a pris le meilleur de la rencontre d’entrée. On était dans notre ADN, ce qui a fait notre succès cette saison, et ça m’a rassuré tout de suite.
“On a montré qu’on ferait un beau champion”
Vous êtes l’un des plus expérimentés de ce groupe, et l’un des seuls à avoir déjà obtenu une montée. Quel a été votre rôle dans l’équipe ?
Avec Parfait Njiba (1,99 m, 35 ans), on était les plus vieux et les seuls à avoir connu des montées [Avec Tours ; et avec Caen pour Njiba, ndlr.]. Forcément, on a été présent. Mais ce groupe est tellement facile ! Tout le monde est soudé, se remet sans cesse en question ; on savait que l’on était passé à côté de notre match 2. Il n’y a pas eu de grands discours, mais c’est dans ce genre de match que l’on doit montrer la voie. J’ai rentré certains shoots, d’autres non, mais j’ai montré qu’il fallait prendre ses responsabilités. On a voulu donner de l’assurance à nos coéquipiers, et ça emmène tout le monde sur le bon chemin. C’est dans ces moments-là que les anciens sont utiles. Je savais qu’on allait rebondir.
Quelle saveur a ce titre pour vous, qui êtes à Challans depuis 4 ans ?
Ce titre est incroyable ! Je suis arrivé à Challans dans un contexte particulier, où je venais d’obtenir la montée avec Tours en finale face à Challans, sur le parquet de Challans ! C’était prévu que je reste avec Tours en Pro B, mais j’ai demandé à Tours de me libérer pour que je puisse rejoindre mon frère à Challans et jouer avec lui. Ma venue à Challans était déjà spéciale. La première saison a été difficile car on se sauve au goal average de la relégation. Ces quatre saisons ont été très différentes avec une progression chaque année. Mais si on m’avait dit en août dernier que je vivrai cette saison, je n’y aurais pas cru. Notre objectif était de refaire les play-offs, comme l’an dernier. Mais il s’est passé quelque chose de spécial dans ce groupe, que l’on ne pourrait expliquer. À partir de janvier, passé le creux que toutes les équipes de NM1 vivent dans une saison, on a montré qu’on était dominant malgré les aléas, et qu’on ferait un beau champion (sourire).
Vous verra-t-on toujours à Challans à la reprise ?
Honnêtement, je ne sais pas… Je suis en fin de contrat, mais je veux poursuivre l’aventure en Pro B. Il faudra en parler avec le club, mais j’ai des possibilités ailleurs. Pour le moment, je veux vraiment profiter ; mais l’idéal, la priorité, serait d’être en Pro B avec Challans, et prendre une revanche sur mon premier passage en Pro B qui s’était mal passé. J’espère en être mais si le club veut que je continue l’aventure, il y a très peu de chances que je m’en aille. Quoi qu’il arrive, cette année m’a redonné énormément de plaisir, et j’ai extrêmement envie d’être encore sur les parquets à la rentrée, en bonne santé, avec Challans ou alors dans un autre club de NM1 qui pourrait me faire revivre de telles émotions. Ce qui m’anime à mon âge, c’est le plaisir que l’on prend. Quand j’ai vu les larmes de joie dans le public de Challans dimanche, je me suis dit que c’était pour ce genre de moment que je jouais au basket.
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