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Sylvain Francisco, nouvel international français et surprenant à Manresa : « J’essaye de ne pas m’oublier »

Appelé pour la première fois en équipe de France fin février, Sylvain Francisco est énamouré par ses premiers moments sous la tunique tricolore. Et cela malgré quelques petits bizutages que lui ont réservé Louis Labeyrie et ses partenaires. Le meneur de 24 ans doit surtout cette première convocation en A à l’excellente saison qu’il réalise en Espagne. Avec Manresa, surprenant 3e de la Liga Endesa derrière les deux ogres que sont Barcelone et le Real Madrid, il tourne à 10,8 points à 42,4 % de réussite aux tirs et 3,2 rebonds pour 8,5 d’évaluation en Liga Endesa. Des statistiques à peu près similaires à ce qu’il produit en Basketball Champions League, où son équipe est d’ailleurs bien placée pour atteindre les quarts de finale de la compétition.   

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Des quartiers de Sevran en Seine-Saint-Denis à la meilleure division européenne, le Cristolien franchit les étapes les unes après les autres « à sa manière », comme l’expliquait Jean-Christophe Prat, son entraîneur au Paris Basketball, dans nos colonnes. Son parcours aussi atypique que poignant lui a d’ailleurs valu une belle double page dans L’Équipe, avant le match retour contre le Portugal.   

Avec le recul, comment jugez-vous vos deux premières sélections en équipe de France A contre le Portugal ?

Je me suis bien intégré, je connaissais tous les joueurs. Franchement, je ne m’attendais pas à toute cette organisation. Ces deux matchs se sont bien passés mais c’est dommage qu’on n’ait pas eu le temps de réviser les systèmes.

Sur le premier match, je voulais d’abord trouver mes repères. Et la meilleure solution était de défendre fort et de trouver mes coéquipiers en attaque. C’est vrai que je me suis lâché en 2e mi-temps mais c’est plus sur le match retour où j’ai pu montrer mes capacités individuelles. J’étais plus à l’aise et je savais quand je pouvais attaquer car on avait retravaillé les systèmes.

« Pas un aboutissement en soit »

Comment avez-vous vécu votre premier rassemblement en Bleus ?

J’étais plus excité que stressé. Quand on est rentré en courant pour le début de l’échauffement de notre premier match contre le Portugal à Dijon, il y avait Axel Julien devant moi et c’était écrit « France » derrière son maillot. Et c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que j’étais avec les Bleus.  Je n’ai pas forcément eu de frisson pour La Marseillaise mais ça me rappelait la première fois que je l’ai chantée avec les U20. 

Je ne prends pas ces deux premières sélections comme un aboutissement en soit, je me dis juste que je suis en train de monter de niveau. Ce n’est pas parce que je suis appelé une fois que le staff va me convoquer une 2e fois. Il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers si j’espère faire les Jeux olympiques, la Coupe du Monde ou l’EuroBasket… Ce sera toujours un moment fort pour moi que d’être appelé en équipe de France. 

sylvain-francisco1646696607.jpegSylvain Francisco a connu ses premières capes lors de la double confrontation contre le Portugal, fin février.
(photo : FIBA)

Y a-t-il eu quelques bizutages de la part de vos coéquipiers ?

Oui. Je savais que j’allais en avoir mais je n’étais pas prêt sur certaines choses. Après l’entraînement, on prend l’ascenseur à l’hôtel pour remonter dans nos chambres. Je suis le premier devant, j’avance et j’entends Louis Labeyrie dire « sélection ». Sur le coup, je ne comprends pas et les gars me disent de partir car pour prendre l’ascenseur comme pour d’autres petites choses, ceux qui ont le plus de sélections sont prioritaires. Et j’ai donc fini par prendre les escaliers…

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Avec Hugo (Benitez) et Terry (Tarpey) – on considère qu’on est rookie pendant un an -, on a dû chanter un joyeux anniversaire à Nico (Barth, le kiné). Et quand on est allé au Portugal, j’avais le siège 12 B et je savais qu’à cette place je pouvais étendre mes jambes, même si je fais 1,85 m. J’étais tout content, serein mais Boris Diaw m’interpelle dans le couloir de l’avion et me demande quelle est ma place. Donc je fais mine de ne pas l’entendre et je continue d’avancer. Il me rappelle et je lui dis que je suis à la place 12 B. Et il dit : « sélection ! » et Nicolas (Lang) a pris ma place. J’ai donc voyagé à la place 19 B, tout au fond et à côté de la fenêtre. J’étais dégoûté car c’est beaucoup moins confortable.

L’appel de Ruddy Nelhomme, deux jours après le retour à la charge de l’Angola

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris votre première sélection ?

Ruddy Nelhomme m’avait appelé mais je n’étais pas sur mon téléphone à ce moment-là. En plus, je ne réponds aux appels pas si je ne connais pas le numéro de cette personne. Je n’avais pas son numéro dans mon répertoire donc il a fini par m’envoyer un SMS. Sur le coup, je ne comprends pas trop. Je lui demande ce qu’il me veut et il me rappelle donc on parle de nos occupations respectives et là, il m’annonce que je suis sélectionné en équipe de France. J’ai tendance à intérioriser mes émotions donc ça ne se voyait pas que j’étais content mais au fond de moi, je l’étais.

Je peinais à y croire surtout que deux jours avant son appel, j’ai dit à mon agent de mettre l’Angola en attente car ils me voulaient en sélection. L’équipe de France était prioritaire. Je l’avais dans ma tête mais je n’en faisais pas un objectif absolu car j’étais vraiment concentré sur ma saison. Je savais qu’il y avait beaucoup de personnes qui disaient que j’allais être sélectionné pour la fenêtre de février. Et c’était le cas, sans doute que le staff pensait que je n’étais pas prêt jusque-là.

Comment pourriez-vous vous imposer en équipe de France ?

D’abord par la défense car c’est l’identité de l’équipe de France mais je sais également que je peux apporter en attaque. Je peux être bon des deux côtés du terrain. Mais si un jour, je suis mauvais en attaque, je sais que je peux me rattraper en défense.

sylvain-francisco1646696650.jpegPassé de la Pro B à la Liga Endesa en trois ans, le meneur de Manresa dit avoir gagné en maturité par rapport à la saison dernière à Roanne.
(photo : FIBA)

« L’état d’esprit à Manresa est hors norme »

Voyez-vous votre saison 2021-2022 à la Chorale de Roanne comme une saison déclic ?

Oui. Jean-Denys Choulet, comme Jean-Christophe Prat, m’a donné les clefs de l’équipe et comme un grand garçon, je devais apprendre à faire tourner l’équipe. Malgré le fait que mon jeu est américanisé et que je laisse ma personnalité parler. C’est comme ça que j’ai pu y accéder. À ma manière, en jouant en un contre un et sur ma vitesse en contre-attaque. Je sais que je dois m’adapter aux coachs mais certains ont réussi à me comprendre et à me faire jouer sur mes principales qualités.

Pour tout vous dire, je voulais jouer en EuroCup et trouver un point de chute à l’étranger, l’été dernier. Et je suis tombé à Manresa, avec un coach très spécial. Pedro Martinez est très exigeant et très à cheval sur les détails car il veut qu’on trouve des automatismes. Vous devez prendre le ballon là et l’écran ici… Au début, c’est dur parce qu’on pense savoir faire tout ça mais au final, je me suis amélioré dans la prise de pick and roll, dans le jeu sans ballon et dans les passes. Par contre, il ne m’apprend pas la défense ! Je sais bien tenir mon joueur en défense et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle il me voulait dans son équipe.

Comment expliquez-vous votre excellente saison collective avec Manresa ?

L’état d’esprit de l’équipe est hors norme, on est toujours tous ensemble. On veut gagner contre tout le monde et on n’a pas peur. C’est comme ça qu’on s’est fait respecter car au début, on nous prenait un peu de haut car le club a un petit budget donc beaucoup nous voyait jouer le bas de tableau.

Mon match référence reste celui au Barça (où il a planté 25 points et mis le tir de l’égalisation pour arracher les prolongations, avant de s’imposer 96 à 95). Pour l’emporter, on a dû jouer différemment. Il fallait qu’on se batte en défense et qu’on force le Barça à jouer sur notre rythme car on court beaucoup. Ce match reste gravé dans ma tête.

« J’essaye de ne pas m’oublier parce que…»

Sentez-vous une progression dans votre jeu ?

Oui, je suis en train de gagner en contrôle. Mes décisions sont plus propres que l’année dernière, j’ai pris en maturité. Je sais plus qu’avant où je peux faire mal à l’équipe adverse. Mais comme je le dis souvent, j’ai un jeu à haut risque, je peux aussi faire lever les salles. C’est mon jeu depuis tout petit. Donc j’essaye de ne pas m’oublier parce que je sais que je peux finir au panier la plupart du temps.

À Roanne ou à Paris, j’étais un peu foufou mais je n’exploitais pas au mieux mes qualités de vitesse. Je ne savais pas quand m’arrêter pour faire jouer l’équipe et quand accélérer pour faire la différence. Là, c’est du 50-50 entre l’équipe et moi. Mais je joue d’abord pour l’équipe.

sylvain-francisco1646696690.jpeg« The Arrow » (son surnom, littéralement la flèche) est un redoutable archer…
(photo : FIBA)

On vous sait particulièrement attiré par la NBA mais peut-être que votre escapade en Espagne a changé la vision dont vous aviez du basket européen…

Oui mais bien avant que je rejoigne l’Espagne. Quand j’étais à Roanne, je regardais l’EuroLeague et la Liga Endesa était une ligue où je voulais jouer. Ça sent le basket… Ça fait un an et demi que je suis vraiment le basket européen et c’est vrai qu’il y a certains joueurs que je ne connaissais pas. C’est le cas de Nick Calathes, je ne savais pas qui c’était. Je me suis fait vanner par rapport à ça car je ne regardais que la NBA. On ne va pas exagérer mais c’est comme on disait que c’était le Kyrie Irving de l’Espagne. On doit le connaître.

« Rejoindre une équipe d’EuroCup ? Ça reste dans mes projets »

À présent, qu’ambitionnez-vous pour la suite de votre carrière ?

On verra bien. Je suis plutôt fermé sur mes projets donc je n’en dirai pas plus. On verra bien où j’irai l’année prochaine, peut-être que je resterai ou que je partirai…

Avez-vous toujours envie d’aller jouer dans une équipe d’EuroCup comme c’était le cas après votre départ de Roanne ?

Oui, ça reste dans mes projets. Ce sera à moi de décider. Je reste concentré sur ma saison, je ne me projette pas sur la saison prochaine.

Une demande en mariage à Carpentier (il est depuis divorcé), un style vestimentaire assez « fashion » dixit Jean-Christophe Prat… Assumez-vous ce côté un peu décalé ?

Bien sûr, c’est Sylvain Francisco ! S’il ne s’était pas passé tout ça, je ne serai pas là où j’en suis. C’est vrai qu’aujourd’hui, je fais plus attention à ce que je fais, à mon image et à mon jeu. Si je devais changer quelque chose dans mon parcours ? Non, je garderai tout. Je ne regrette rien et si c’était à refaire, je le ferai des milliers de fois.      

sylvain-francisco1646696708.jpegSylvain Francisco, des quartiers de Sevran (Seine-Saint-Denis) à la Liga Endesa…
(photo : FIBA)

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