Vincent Pourchot à Nilvange, en Nationale 3 : « C’est le challenge le plus intéressant pour finir ma carrière »

Vincent Pourchot s’engage avec Nilvange, ambitieux club de Nationale 3.
Quatre mois se sont écoulés depuis la fin de l’aventure de Vincent Pourchot (2,22 m, 33 ans) chez les Metz Canonniers. Quatre mois “à affronter” mentalement, alors qu’il a plusieurs fois “pensé à tout claquer, tout arrêter” après ce qu’il a vécu comme “une trahison” de la part du club lorrain.
Désormais “mieux d’un point de vue mental”, l’intérieur star des réseaux sociaux ouvre un nouveau chapitre de sa carrière en s’engageant à Nilvange, toujours dans l’Est, où il rejoint un projet très ambitieux de Nationale 3. Il revient pour BeBasket sur sa destination “qui étonnera”, mais aussi sur son après-carrière qui se construit dès aujourd’hui à Nilvange.
Vincent, vous venez d’annoncer votre signature à Nilvange, en Nationale 3, près de quatre mois après votre départ subi de Metz. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je me sens mieux d’un point de vue mental. Cet été, c’est surtout le mental qui a été compliqué à gérer. Les Metz Canonniers m’ont trahi, ce qui a été très difficile à digérer et qui l’est peut-être encore un peu. Tout s’est écroulé lorsque Metz m’a planté mi-juillet, quinze jours avant la reprise des équipes de N1. Je m’étais entraîné dès le début d’été pour être prêt à reprendre… Quand j’aurai retrouvé le goût de la compétition avec ma nouvelle équipe, ça sera définitivement derrière moi.
Quatre mois se sont écoulés entre cette fin d’aventure malheureuse et le but d’une nouvelle. Comment avez-vous vécu cette période ?
Il y a eu septembre, puis octobre, où des postes 5 se sont blessés dans des effectifs de NM1. Mais personne ne m’a jamais appelé. C’était la double peine. Je me suis remis en question sur ma vie, sur mes choix. Quand ton agent te dit au téléphone que personne ne veut de toi, même pour être partenaire d’entraînement, alors je sortais d’une saison où j’étais dans le top 10 des évaluations du championnat… C’est beaucoup de remise en question, beaucoup de choses à encaisser. Je gérais ça seul, pour ne pas inquiéter mon entourage. La seule chose qui m’a fait tenir est mon autre travail sur les réseaux sociaux. Mais plus d’une fois, j’ai eu envie d’arrêter le basket cet été. Plus d’une fois j’ai eu envie de tout claquer, de tout arrêter ; je cherchais déjà à rentrer dans le monde du travail “classique”. Ça a été la pire période à affronter de ma carrière.
Avez-vous eu des explications quant à ce manque de considération des clubs professionnels ?
Non… Encore aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi il y a eu cette réticence. J’ai joué 40 matchs, à un niveau plus que correct et en pleine santé. Mon activité sur les réseaux sociaux à la rentrée a semé le doute sur le fait que je m’entraînais ou non ; mais ces clubs ne voulaient déjà pas de moi à l’été. C’était un peu culotté.
Je suis peut-être le dernier poste 5 avec un profil atypique à l’ancienne, aucun coach ne voulait de moi dans son système.
« Mettre Nilvange sur la carte de France »
Vous avez finalement trouvé un nouveau projet dans lequel vous inscrire : Nilvange, dans le Grand-Est. Comment s’est faite votre signature ?
Nilvange m’avait contacté en septembre et m’avait fait une première offre que j’avais refusée. Mais finalement, pendant un voyage au Maroc pour une collaboration, le président du club (Julien Chaxel, constructeur à l’étranger, ndlr) qui vit à Marrakech m’a contacté pour s’entretenir. Il m’a fait une seconde offre avec de nouveaux projets au sein du club, et cela me convenait. J’ai immédiatement accepté.
Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis, deux mois plus tard ?
Ce qui a changé, c’est la stabilité. Je signe pour trois ans avec une quatrième année en option en cas de montée en N2. Et aussi, je vais avoir une activité au sein du club, à savoir m’occuper du côté marketing, des réseaux sociaux. J’ai aussi une possibilité de reconversion au terme de mon contrat. J’avais besoin de garanties pour la suite, ce que le président a pu me donner dans sa deuxième offre.
Pour les plus connaisseurs – ou les plus anciens – Nilvange est une ville historique du basket français…
Clairement ! Désormais, je veux mettre Nilvange sur la carte de France, à plus grande échelle. Il va falloir du temps, mais si je peux être au début de l’histoire de Nilvange et que cela continue à monter après moi, je serais content d’avoir été là. J’étais revenu à Metz en descendant de Pro B pour aller en N2 et faire monter le club en N1 ; j’ai eu la chance d’en faire partie même si la fin n’est pas celle imaginée. Nilvange est le challenge le plus intéressant pour finir ma carrière.
Signer à Nilvange, en Nationale 3, vous éloigne des plus divisions professionnelles que vous avez connues. Est-ce la fin de vos ambitions de haut niveau ?
Si je dois retrouver le haut niveau, ce sera avec Nilvange. Je me suis fait une raison : personne n’est venu me chercher cet été, ce n’est pas en redescendant en N3 que l’on viendra me chercher. Le projet de Nilvange m’intéresse, avec ses à-côtés. Je reste près de ma famille, j’ai trouvé un nouvel appartement près de Nilvange adapté à ma taille.
Et puis c’est un projet qui fait sens. Je jouais déjà dans la salle de Nilvange quand j’avais 6-7 ans, durant les mini-tournois départementaux. Je sais que mon choix étonnera, mais c’est le dernier challenge que je m’accorde. J’ai eu des propositions en NM2 ou encore au Kosovo où la paie était en cash price, ce n’est pas du tout ce que je voulais. Je veux gommer l’aléatoire. À Nilvange, je trouve de la stabilité et de l’ambition.
En plus de rester dans votre région natale, vous retrouvez au club plusieurs anciens coéquipiers de Metz, comme Alexandre Karolak et Kevin Kaly qui ont rejoint le club en juillet…
Exactement ! Et le fait de retrouver des anciens coéquipiers a clairement joué. Il y a désormais cinq anciens Canonniers à Nilvange. On retrouve des automatismes ensemble ; mais aussi avec un ancien joueur de haut niveau, Aurélien Salmon, qui avait notamment joué en Pro A et Pro B à Boulazac. Maintenant, il faut remplir l’objectif de montée. Est-ce que cela se fera cette année ? Je l’espère.
J’arrive trois semaines après le nouveau coach, Nicolas Meistelman [ex-Poissy, Boulazac ndlr.] avec qui j’ai discuté avant de signer. Je ne voulais pas être un choix des bureaux, mais bien un choix sportif. J’avais aussi refusé la première offre car je savais que l’ancien coach n’était pas fan de mon profil, et c’est totalement son droit. Mais là, avec Nicolas, je sais que je suis dans les plans et que ça va bien se passer.
Nilvange,
ambition Betclic ÉLITE pour l’horizon 2035
Avec de telles additions, l’effectif semble surdimensionné pour la N3, non ?
On ne peut pas se cacher. Nilvange a un rôle important à jouer en Nationale 3, même si je ne connais pas encore le niveau de la division. Je sais juste que ce sera loin d’être facile, il faut assumer son statut d’équipe favorite mais nous ne sommes pas seuls. Lille n’a pas encore perdu, il y a Denain et Longwy juste derrière.
Avant mon arrivée, Nilvange a perdu trois fois et on sait que les prétendants à la montée ne perdent que quatre ou cinq matchs dans la saison. On n’a pas le droit à l’erreur, avec un effectif remanié et un nouveau coach. Il ne va pas falloir perdre de temps, sinon ça attendra l’année prochaine.
Quelles sont vos ambitions, ainsi que celles du club, pour la durée de votre contrat et même plus ?
À court terme, le président veut “absolument” que l’on joue en N2 le plus rapidement possible. Et à moyen terme, l’ambition est de jouer en Betclic ELITE “d’ici cinq à dix ans”. Le président est très ambitieux, veut que tout se fasse rapidement ; mais je l’ai prévenu d’expérience qu’il fallait prendre du temps. Une nouvelle salle est prévue, il y a beaucoup d’objectifs et d’idées, mais il va falloir prendre son temps.
Vous parliez de reconversion ; qu’imaginez-vous pour votre après-carrière de joueur ?
Je veux rester à Nilvange au sein du club pour contribuer au marketing et à la communication. Je veux apporter ma pierre à l’édifice du club. Si cela ne se fait pas, je retournerais sur le marché du travail. Le domaine de la sécurité m’a toujours intéressé, par exemple, ce peut être une piste. Sinon j’aimerais beaucoup m’investir dans les réseaux sociaux et les portes qu’ils m’ouvriront. Par exemple, on m’a proposé des rôles au cinéma cet été.
« Il y a 20 ans, Victor n’aurait pas pu jouer en pro :
on lui aurait interdit de dribbler et de shooter ! »
Justement, vous êtes suivis par des milliers, pour ne pas dire des millions de personnes sur Instagram ou encore TikTok. Est-ce évident de jongler entre cette activité médiatique, qui pèse beaucoup aujourd’hui, et une carrière de joueur ?
Les réseaux sociaux ont toujours été faciles à gérer car au-delà de mes détracteurs, mon public a été positif. Dans les clubs, les émissions, dans la vie, cela s’est toujours bien passé. J’ai de suite accepté les critiques négatives, cela m’aide à gérer cela. Mais les retours sont vraiment positifs, parce que mon contenu est positif, léger. Je pensais que ça allait être éphémère, que cela allait s’essouffler, et au final cela fait cinq ans et cela m’ouvre toujours plus de portes. J’ai fait Fort Boyard cet été quoi ! Je n’aurai jamais imaginé ça. Des expériences comme celle-ci, adossées à un entourage très sain et solide, facilitent la gestion de cette vie médiatique où l’on parle beaucoup de moi.
Parlons pour finir d’autres “joueurs grands” qui font beaucoup parler d’eux sur les réseaux sociaux : Victor Wembanyama, qui vient d’atteindre le milliard de vues sur les réseaux sociaux de la NBA, et Alexandre Sarr. Êtes-vous surpris de la manière dont ils jouent, avec une mobilité et un jeu différents des vôtres ?
Je suis forcément surpris car ce qu’ils font est inédit. Mais en même temps, ils bénéficient d’un contexte favorable, dont j’aurais aimé bénéficié à mon époque de jeune. Leur activité sur les terrains vient aussi du fait que la façon de jouer évolue. Avec le temps, le progrès, les nouvelles technologies, les nouveaux métiers, on arrive sur des profils jamais vus. La manière d’entraîner a, je pense, beaucoup changé parallèlement.
Il y a vingt ans, ce même Victor n’aurait pas joué en professionnel car les coachs ne faisaient pas jouer les jeunes. Ou alors, on lui aurait interdit de dribbler et de shooter, pour simplement jouer posté sous le panier. Personnellement, on m’a strictement demandé de prendre les rebonds et poser des écrans, et c’est tout. Maintenant, la formation est plus globale. Cela permet de développer des joueurs aussi phénoménaux que Wemby ou Sarr, et on pourrait même former des joueurs encore “pires” à l’avenir.

























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