« Quand les supporters ont entonné la Marseillaise, j’avais la chair de poule, glisse-t-elle dans un large sourire. Je ne vais jamais l’oublier. » Ce souvenir, il sera gravé à jamais dans la mémoire de Gabby Williams. Un peu comme son attache avec la France qu’elle a immortalisée depuis plus de dix ans. Alors qu’elle avait à peine 14 ans et poussée par sa sœur Kayla, de huit ans son aînée, la native de Sparks (Nevada) a matérialisé son lien avec la France. « Rien ne peut briser notre lien », peut-on lire sur son épaule gauche.
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Avec une grand-mère née à Paris et un passeport obtenu via sa mère, cette Franco-Américaine n’est pas uniquement une naturalisée de plus sans aucun lien d’attache avec son pays d’adoption. À la sortie de la liste des joueuses pré-sélectionnées pour participer à l’EuroBasket féminin, l’ailière française a versé quelques larmes avec sa famille. Encore une marque de son attachement au maillot bleu. Pas très proche de son père, celle qui a grandi jusqu’à 21 ans dans le Nevada dit ne pas se sentir Américaine à part entière. Normal, puisqu’une partie de son cœur est tricolore. « Mon intégration dans l’équipe de France m’inquiétait car je suis quelqu’un de nerveux et de stressée, explique-t-elle dans un excellent Français la veille de la « finale » du groupe D contre la Russie. Je suis vraiment timide au début, j’avais peur quand je suis arrivée mais toutes les filles sont vraiment gentilles et sont sympathiques avec moi. »
La première Marseillaise, un moment fort dans la carrière de Gabby Williams (photo : Lilian Bordron)
Proche des Jeux olympiques de Londres… en saut en hauteur !
Draftée en 4e position par les Chicago Sky en 2018, Gabby Williams est une athlète hors norme, capable d’évoluer sur les postes de 1 à 4. À tel point qu’elle aurait pu participer aux Jeux olympiques de Londres… en saut en hauteur. Avec une performance à 1,90m, elle a terminé 5e des sélections américaines à seulement 15 ans. Sauf qu’une double rupture des ligaments croisés l’a contrainte à stopper sa prometteuse carrière. « On m’a dit qu’une rechute n’arrivait qu’une fois sur 1000, explique-t-elle. Je n’ai vraiment pas eu de chance Déjà inscrite à l’Université de Connecticut, elle a d’abord failli tout arrêter après une expérience calamiteuse à Naples (Italie). Partie se relancer à Gérone (Espagne), cette proche de la famille Bryant, admirée par Gigi, s’est relancée à Lattes-Montpellier en 2019-2020 avant que la pandémie de la Covid-19 ne s’invite dans la partie… Élue meilleure défenseuse de l’EuroLeague et désignée dans le cinq majeur de la compétition européenne reine, Gabby Williams s’est sublimée cette saison. Alors forcément, ses premières apparitions en Bleues étaient comme une évidence, surtout avec l’indisponibilité de Bria Hartley, l’autre naturalisée du groupe France.
« C’est une joueuse qui correspond à nos valeurs sportives et à nos intentions »
« Son intégration humainement a été très facile et sur le terrain, d’autant plus simple que c’est une joueuse qui correspond à nos valeurs sportives et à nos intentions, signale la sélectionneuse Valérie Garnier qui ne comptait se pencher sur son cas qu’après l’échéance olympique. C’est quelqu’un qui aime à se définir comme une défenseuse et une rebondeuse. Et ce sont deux axes très importants pour l’équipe de France. En plus, elle peut développer énormément d’agressivité au cercle. Elle est adroite et elle est aussi capable de passer. Elle se définit aussi comme une joueuse d’équipe. Elle est là pour faire partie intégrante du collectif. Elle s’est parfaitement intégrée sur et en dehors des terrains dans cette équipe de France qui lui a fait le meilleur des accueils. »
Jouer avec l’équipe de France féminine était la priorité de Gabby Williams cet été (photo : Lilian Bordron)
Intéressante contre la Croatie et contre la République tchèque, cette ailière 3&D (capable de défendre et de mettre des 3-points) continue de prendre ses marques et de s’intégrer au contact de deux de ses anciennes coéquipières au BLMA, Alix Duchet et Diandra Tchatchouang. « Je me sens de plus en plus confiante chaque jour, explique celle qui rêve de décrocher une médaille d’or pour sa première campagne internationale. J’hésite encore pendant les matchs mais ça va de mieux en mieux. » En tout cas, l’ancienne ailière des Chicago Sky, récemment transférée aux Los Angeles Sparks, n’a pas douté longtemps lorsqu’il a fallu mettre sa carrière en WNBA entre parenthèses. Cet été, son objectif était de jouer avec les Bleues. Car la France, elle l’a dans la peau.
L’avis de Yoann Cabioc’h (entraîneur de La Glacerie en LF2 et coordinateur vidéo des Chicago Sky en WNBA) : « elle a le profil pour faire une vraie carrière avec l’équipe de France ».
« Gabby est une personne adorable, elle est réservée et timide. Elle a un très (sic) bon fond, elle ne veut pas blesser les gens. Elle est très respectueuse et adorable, on s’est super bien entendu dès le début. Athlétiquement, c’est quelqu’un de très impressionnant. Elle est très physique sur les matchs et sur les entraînements. Elle utilise son physique à bon escient que ce soit défensivement ou offensivement.
« Gentille, mais pas sur le terrain »
Si je devais la décrire en un mot ? Gentille. Mais je ne peux pas dire gentille sur le terrain. En dehors, elle est vraiment gentille au sens premier du terme mais sur le terrain, elle est plus couteau suisse. Elle n’a pas le profil d’une joueuse difficile à s’intégrer dans une équipe, toute sa carrière, elle s’intégrera bien dans son équipe.
Je la vois sur le long terme avec l’équipe de France, elle a le profil pour faire une vraie carrière avec l’équipe de France. Aujourd’hui, elle peut remplir plus de cases pour les besoins en équipe de France que Bria Hartley. Un duo Johannès – Williams, ça matcherait parfaitement, plus qu’avec Bria Hartley. »
À Strasbourg,
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