ITW Moussa Camara (La Charité) : « J’ai envie d’un nouveau challenge sportif »
Il y a des soirs où nous aurions eu beau éteindre la lumière dans la salle Georges Picq, Moussa Camara (1,95 m, 33 ans) aurait continué d’enchainer les 3-points. C’était son jardin et il pouvait y être inarrêtable. Il est arrivé dans la Nièvre il y a maintenant déjà cinq ans et, petit à petit, son nom est devenu indissociable de celui de La Charité. Cinq années durant lesquelles il fut notamment l’un des principaux artisans de la montée en Nationale 1 masculine (NM1) lors de la saison 2016/17 (avec le titre de Champion de France de Nationale 2 au bout), permettant par la suite au club d’atteindre des cimes presque inenvisageables pour un club de cette taille (top 10 de NM1 lors de la saison 2018/19). Le tout en devenant un capitaine emblématique.
« Ça change d’un parcours typique du joueur français »
Une relation peu banale dans un milieu professionnel dicté par les contrats de courte durée et les changements de clubs. Peu banal, comme le parcours de Moussa Camara dans son ensemble d’ailleurs. À 17 ans, il est parti aux Etats-Unis poursuivre ses études sans mettre de côté sa passion pour le basket. « Je pensais que c’était un bon choix pour poursuivre ma progression et que cela me laissait plus d’années pour me développer. » Il y est resté sept années, durant lesquelles il a notamment participé à la March Madness avec Birghampton (éliminé contre Duke au premier tour). Il en ressort de cette expérience un bilan très positif. « Ce fut une très bonne expérience de vie, j’en suis sorti bilingue alors que je ne parlais pas un mot d’anglais, j’ai obtenu un bachelor en économie, en plus du basket où j’ai bien progressé et découvert une autre façon de faire ». Avant d’ajouter. « Ça change d’un parcours typique du joueur français ».
De retour en France à l’âge de 24 ans, il a pris la route de Lille (Pro B). Après deux années ou il a bénéficié d’un temps de jeu limité (11 minutes de moyenne), il a décidé de rejoindre pour deux ans le club de Berck, alors en NM2. « J’avais envie d’avoir de grosses responsabilités et aussi de rester dans le Nord car ma femme y finissait ses études. Et j’ai été séduit par le projet de Berck, une ville qui respire le basket ». Il y connaitra sa première montée en NM1 lors de la saison 2014/15 avant de rejoindre cet été-là, le club de la Charité (NM1). Un choix sur lequel il revient. « Le projet me correspondait bien, ils souhaitaient aussi lorsque je suis arrivé monter en NM1. La Charité et son côté atypique m’a séduit. C’est un club familial, à taille humaine où de nombreux bénévoles se donnent au quotidien pour faire fonctionner les choses ». Et on connait la suite de l’histoire.
La fin d’une très belle aventure humaine et sportive
Sur le plan individuel, l’ailier réputé notamment pour son adresse à 3-points a passé un cap lors de ses deux dernières saisons dans la Nièvre, tournant à plus de 14 points de moyenne. » J’ai progressé en développant ma palette offensive. Certes, mon arme principale reste le tir extérieur, mais j’ai progressé sur mon agressivité vers le cercle et je suis désormais capable de scorer de différentes manières en étant aussi plus à l’aise balle en mains ». Une réussite individuelle au service du collectif, comme en témoigne les résultats des Charitois depuis leur arrivée en NM1 en 2017, et ce malgré des contraintes budgétaires très importantes.
Un « exploit » pour lequel Moussa Camara tient à mettre en avant le travail du coach, Fabien Anthonioz. « Fabien a réussi à constituer des équipes performantes malgré le petit budget en trouvant des joueurs solides et qui correspondent à sa physionomie de jeu. Avant d’ajouter. « De plus, notre salle est un vrai chaudron avec un public qui nous pousse à chaque match à domicile ». Il est vrai qu’il n’est jamais évident de venir s’imposer et beaucoup de clubs s’y sont cassés les dents.
Oui mais voilà, comme dirait le célèbre adage, toutes les bonnes choses ont une fin. À 33 ans, Moussa Camara va quitter la Nièvre cet été. Il nous explique cette décision. « Je pense avoir fait mon temps à La Charité. J’ai envie d’un nouveau challenge sportif et de me rapprocher de ma famille, si possible ». Reconnaissant, il tient à le faire savoir. « Je souhaite remercier le club de La Charité, ses dirigeants, bénévoles et fidèles supporters j’y ai passé de superbes années (parmi les meilleurs de ma carrière) et je leur souhaite vraiment que du bon pour la suite ».
Avec le départ probable du coach Fabien Anthonioz, et alors que le club serait enclin à des difficultés financières suite à la crise sanitaire que nous traversons, c’est une belle page qui semble se tourner pour le club de La Charité (NM1). Mais au vu des ressources démontrés par les dirigeants nivernais ces dernières années, le belle histoire semble loin d’être terminée.
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