ITW Noah Penda : « Le MSB restera toujours dans mon cœur ! »

Nous avons pu interviewer Noah Penda à côté des vestiaires après la rencontre
C’est un visage bien connu du basket français – passé par tous les échelons (NM1, Pro B et Betclic ÉLITE) et ayant représenté plusieurs fois le pays (champion d’Europe U20 notamment) – que l’on retrouve cette fois de l’autre côté de l’Atlantique. Noah Penda (1,99 m, 20 ans) est aujourd’hui un joueur du Orlando Magic en NBA. Drafté en 32e position en juin dernier, il commence déjà à faire sa place aux États-Unis, étant même le rookie français avec le plus de minutes cumulées depuis le début de saison (42).
Lors de son déplacement à Washington à la fin d’un road-trip, l’ex-protégé de Guillaume Vizade nous a accordés une interview en deux parties – avant et après le match contre les Wizards (gagné 125-94, avec 10 d’évaluation en 7 minutes pour Penda) – interrompue au milieu par la NBA, où tout est chronométré. L’occasion de parler de sa découverte de la NBA, de sa situation sportive et personnelle, et bien sûr du Mans Sarthe Basket. Le tout avec le sourire et l’envie de raconter en français (“ça fait du bien” nous a-t-il dit) tout ce qu’il traverse.
⚔️🇫🇷 Noah Penda x Alex Sarr x Bilal Coulibaly pic.twitter.com/FBcE27hZOp
— Tom Compayrot (@Tom_Cprt) November 2, 2025
« J’avais même demandé si je pouvais aller en G-League »
Noah, pourrais-tu nous raconter tes premiers pas en NBA ? Tu en as rêvé toute ta vie et maintenant tu y es… Tu réalises ?
Oui là ça y est. C’est vraiment au troisième match à Charlotte [victoire du Magic 123-107, avec 3 points en 17 minutes de Penda] que j’ai eu un moment de réalisation. Comme si je me voyais de l’extérieur, je me regardais et je me disais : « Puta*n je suis sur un terrain NBA ! Tous ces gens autour nous regardent. C’est un truc de fou. » C’était aussi incroyable de marquer mon premier panier [lors de son premier match à Philadelphie], à 3-points en plus. C’est super.
Et en plus, tu joues vraiment (10 minutes de moyenne, ndlr). Tu t’attendais à être dans la rotation aussi tôt ?
Pas du tout. Aussi vite, non. Je savais qu’à un moment donné les efforts allaient finir par payer, et que j’allais avoir l’occasion d’être sur le terrain. Mais je ne m’attendais pas du tout à être intégré dans la rotation dès le quatrième match. Je m’entraîne avec le groupe des remplaçants, j’y suis vraiment intégré, c’est super.
Tu sais que tu es le rookie français qui joue le plus sur ce début de saison ? Tu as suivi les débuts des autres ?
Ah ouais ? J’ai suivi les statistiques des autres oui, pas trop les temps de jeu. Mais je parlais avec Noa Essengue, qui lui n’a pas du tout joué. Je sais que c’est compliqué, franchement je le soutiens énormément, je sais que c’est dur.
Moi, le premier match je n’ai pas joué non plus, et je me disais « Puta*n, si c’est comme ça toute l’année, ça va être chaud. » J’avais même demandé au Magic avant même que la saison commence si je pouvais aller jouer en G-League, pour avoir du temps de jeu si jamais cela ne se présentait pas en NBA. Ils m’ont dit qu’ils ne savaient pas à quoi allait ressembler mon temps de jeu, mais que leur objectif n’était pas de m’envoyer en G-League, ils aimeraient m’intégrer dans l’équipe. Donc c’est tant mieux qu’ils me fassent confiance aussi vite.
« En NBA, ils ont le sens du panier, pas vraiment le sens du jeu »
Le style de jeu NBA est-il différent de ce que tu connaissais en Europe ? C’est le même sport ?
Franchement, oui. C’est le même sport, mais juste avec beaucoup moins de prises de tête, et un niveau individuel des joueurs un cran au-dessus. Niveau jeu collectif, pour parler basket, je pense que la France reste supérieure. Pour schématiser, ici ce sont des “hoopers” et en France des “joueurs de basket”. C’est un peu comme quand tu joues l’Espagne, en sortant d’un écran tu peux savoir où chaque joueur espagnol est sur le terrain. Alors qu’ici, tu en as un qui coupe, un qui n’est pas au bon endroit, un qui ne sait pas quoi faire… Ils ont le sens du panier, mais pas vraiment le sens du jeu. C’est une mentalité différente, mais c’est la preuve que ça marche aussi.
J'aime beaucoup le jeu de Noah Penda.
Pas de chichi, pas trop d'erreurs, de la bonne lecture, du bon placement, joueur d'équipe qui sait où aller et comment aider, il a déjà mis pas mal de monde dans sa poche à Orlando ! pic.twitter.com/iwgwdCRyHk
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) October 13, 2025
« La saison NBA va me forger en tant que joueur »
À propos des installations NBA, c’est vraiment autre chose que ce qu’on a en France ?
Ce n’est pas comparable. Ici [à Washington] on s’est entraînés à Georgetown, qui est juste une université, et c’est déjà mieux que tout ce qu’on a en France. C’est franchement inspirant. C’est vraiment génial, j’espère vraiment que la France aura l’opportunité de se rapprocher d’un tel niveau d’infrastructures. Même moi, si je peux faire quelque chose à mon échelle… J’ai déjà pensé à faire un camp pour les jeunes en France. Je commence déjà à me renseigner sur ce qu’il serait possible de faire. J’y pensais déjà quand j’étais au Mans.
Après, pourquoi pas ramener des idées à la Fédération, à la ligue, apporter un peu mon ressenti, pour que les joueurs se sentent mieux dans le championnat français. Comme ça, le championnat sera plus attractif. On est déjà sur la bonne voie, des clubs font des gros efforts pour se mettre au niveau. C’est génial, j’espère que ça va continuer, et j’espère pouvoir apporter ma pierre à l’édifice du basket français.
Lors de notre dernière interview en janvier au Mans, tu parlais de 3 axes de progression : ta prise d’initiatives, ton tir extérieur, et ton physique. Où en es-tu ?
Le tir avance très très bien. Je travaillais avec Yacine [Aouadi] quand j’étais en France, qui n’a pas pu être avec moi ici. Là du coup je travaille avec un nouveau coach de tir, on rechange des choses. Donc on est repartis sur des nouvelles bases cette année, mais ça avance bien. L’adresse, que ce soit à 3-points ou à mi-distance, c’est quand même quelque chose d’important ici, même si de plus en plus de joueurs se démarquent sans ça.
Sur la prise de décision, c’est beaucoup mieux. Forcément ici, il y a moins besoin de réfléchir, parce qu’il y a moins de systèmes. Il faut juste faire quelque chose de la balle quand tu l’as. Je savais que le jeu NBA allait naturellement m’aider à me développer sur ce plan-là. Et physiquement, il y a encore quelques progrès à faire, mais je pense que j’avance dans la bonne direction. Et puis la saison NBA va aussi me forger en tant que joueur.
« Guillaume Vizade m’envoie des petits messages de félicitations »
Tu disais aussi qu’après trois ans avec Guillaume Vizade, tu appréhendais le passage à un nouveau coach. Comment ça se passe avec Jamahl Mosley ?
Ça se passe très bien. J’ai un peu l’impression d’être encore avec Guillaume, parce que Jamahl est quelqu’un de très vrai, qui parle beaucoup. C’est aussi quelqu’un de très proche de ses joueurs, avec presque une relation amicale, même si on n’est pas vraiment amis. C’est super d’avoir cette continuité dans le coaching. J’ai beaucoup de chance là-dessus, et j’en profite.
Et au niveau de ton utilisation ?
En fait, c’est la même utilisation que j’avais en France avec Guillaume, mais quand j’étais à Vichy, les premières années. C’est dans ce registre-là. En fait, c’est le job de tous les rookies qui sont draftés après la 20e position. Quand tu rentres, tu dois mettre de l’énergie, défendre et courir, et après quand tu as un tir ouvert, tu dois le prendre et le mettre.
Tu es toujours en contact avec Guillaume ?
Oui oui, toujours. Il regarde mes matchs, il m’a envoyé des petits messages de félicitations pour mon premier match, mes premiers points…

Et tu continues à suivre les résultats du Mans ?
Oui bien sûr. Mon frère est là-bas maintenant [Swann Penda, avec les Espoirs], et je suis toujours en contact avec des joueurs là-bas, donc c’est lourd. Après avoir passé autant de temps avec eux, je suis obligé de continuer à suivre ce qu’ils font.
« Ça fait du bien de parler Français »
Aurais-tu un message pour les fans du MSB ?
[Sourire] Ça restera un club dans mon cœur, c’est sûr. Les fans me manquent, parce que c’est différent ici, tu es beaucoup moins proche des fans, tu ne les vois presque jamais. Mon message serait : continuez à supporter l’équipe, je sais qu’ils continuent de performer cette année, c’est super. Donc continuez de donner de la voix. Moi j’ai kiffé l’expérience quand j’étais là-bas, et je sais que les joueurs kiffent encore. Je n’en garde que des souvenirs positifs.
Et pour parler hors basket, comment se passe ta vie dans cette ville d’Orlando ?
Ce n’est pas forcément une ville très grande, c’est même assez petit. Comparé à Washington, New-York, même Philadelphie… Ça n’a rien à voir. Franchement c’est bien, il y a une bonne météo, tu es heureux de vivre là-bas. Après bon, c’est sans plus quoi [rires]… Sinon il y a pas mal de choses relous dans ton installation. Le « credit score », la sécurité sociale etc. Le langage aussi, c’est compliqué. Là par exemple, ça fait du bien de parler français [rires].
L’installation s’est bien passée ?
Oui, ma copine vit avec moi. Je n’avais juste pas envie d’être seul la première année, et elle a gentiment accepté de me suivre. Ma mère et ma sœur étaient là aussi pendant deux semaines. Elles sont aussi venues pendant la Summer League. Elles viennent de temps en temps, elles vont essayer de venir à Noël. Dès qu’elles ont l’occasion. Donc tout se passe bien.
Interview enregistrée à Washington
L’avis de son coach Jamahl Mosley :
« Pour l’instant Noah est super. Il est très polyvalent, et prêt à faire tout ce dont l’équipe a besoin, c’est fantastique. Il travaille très dur, mais comprend aussi très bien le jeu, et pose les bonnes questions. C’est super de l’avoir dans l’équipe, il s’adapte bien. Tout le monde l’adore parce qu’ils savent à quel point il travaille dur, c’est un super coéquipier depuis qu’il est là. C’est aussi un excellent défenseur. »































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