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William Howard, le héros qui partait de loin

Artisan majeur de la remontée villeurbannaise dans le money-time de l'épilogue de la finale de Betclic ÉLITE contre l'AS Monaco, héros du 21e titre de champion de France de l'ASVEL, William Howard est revenu sur l'intégralité de son parcours en notre compagnie. Partez à la découverte de l'international français, en quête d'un spot avec les Bleus pour l'EuroBasket 2022.
William Howard, le héros qui partait de loin
Crédit photo : Infinity Nine Media / Arthur Viguier

Parti de Montbrison, une petite ville de la Loire, qui ne lui offrait pas forcément les meilleures possibilités de développement. Ou parti avec cinq mètres de retard sur Paris Lee, fonçant vers le cercle de l’Astroballe pour offrir à l’AS Monaco son premier titre de champion de France. Mais à chaque fois, William Howard (2,03 m, 28 ans) fut en mesure de combler la brèche. Soit en prenant la difficile décision de quitter le domicile familial à l’âge de 13 ans afin de découvrir un niveau plus relevé à Roanne, soit en effectuant la course d’une vie afin de scotcher le néo-Athénien sur la planche afin de s’ériger en héros du 21e sacre national de l’ASVEL.

Sans William Howard, il est évident que Villeurbanne n’aurait jamais réussi à terrasser l’AS Monaco. Shoots, interceptions décisives, combativité, le Ligérien a été absolument partout dans le money-time de l’épilogue de la finale (84-82, a.p.), alors que la troupe de T.J. Parker semblait dans les cordes (60-68, 36e minute). « Il a été incroyable, et c’est un joueur incroyable », soulignait d’ailleurs Élie Okobo, dans la foulée des festivités. « Je savais qu’il allait mettre son contre. Mais il a amené énormément d’énergie, il a pris des gros tirs, il a joué avec beaucoup de confiance. Il est difficile à arrêter. »

Un moment de gloire, un vrai, pour consacrer une première partie de carrière en forme de progression constante. Désormais à l’aube de la seconde phase, il s’est penché avec nous sur son parcours, de Montbrison jusqu’à l’ivresse de l’Astroballe. Sur la lancée de sa formidable finale contre l’AS Monaco, William Howard espère maintenant passer à la vitesse supérieure : l’EuroLeague, avec un club étranger, et l’EuroBasket, lui qui fait partie des 17 présélectionnés, sont dans son viseur !

De Montbrison au Maryland, une jeunesse basket :
« Mes samedi soir à la salle »

« Le basket est arrivé dans ma vie car mon père (Skip Howard) coachait le club de Montbrison tandis que ma mère était bénévole au club. Les deux ont joué, mon père a notamment évolué à Tours, à Vichy et il a fini à Montbrison, où je suis né. Du coup, mes samedi soir étaient souvent à la salle de basket ! Plus globalement, c’est une famille de sportifs puisque j’ai aussi mon cousin qui est tennisman professionnel (Hugo Grenier). Après la finale de Betclic ÉLITE, je suis d’ailleurs parti à Londres pour le voir jouer à Wimbledon : c’est la première fois qu’il faisait un Grand Chelem et il a passé le premier tour en plus, donc c’est cool !

Dès les benjamins, j’ai été surclassé. Je me suis assez vite rendu compte que j’étais meilleur que les autres, du moins de ceux qui avaient mon âge car j’étais au-dessus physiquement, j’allais plus vite, j’étais plus grand que tout le monde. C’est encore plus accentué dans une petite ville et j’ai été obligé de partir de Montbrison en minimes. J’ai fait la première année avec les minimes Régions mais je suis ensuite allé en minimes France à Roanne pour voir plus de concurrence, un niveau plus haut. La Chorale était le grand club du département et venait de remporter le titre (en 2007, ndlr). Ça a été une bonne année où l’on est allé jusqu’en finale du championnat.  Parallèlement, j’étais au Pôle du Lyonnais. Ensuite, je suis parti à l’INSEP mais ça a été une période assez compliquée pour moi, ça ne s’est pas forcément très bien passé.

Ici en 2011 lors du tournoi de Douai, William Howard a été international U16, U18 et U20 (photo : Olivier Fusy)

À l’époque, je visais la NCAA donc j’ai fait le choix d’aller en Prep School, aux États-Unis. J’avais envie de découvrir autre chose car j’avais fait toute ma formation en France. Je pensais que terminer dans une université pourrait être bien complémentaire. Au final, je n’ai passé qu’un an là-bas, dans le Maryland, et même si ce n’était pas un très haut niveau, j’ai appris des choses. C’était un basket hyper agressif, beaucoup basé sur la première intention. En sortant de l’INSEP, où j’évoluais dans un jeu très discipliné, très carré, ça m’a fait du bien de voir autre chose. Cela dit, tout n’était pas optimal car c’était la première fois qu’il y avait un tel programme là où j’étais, à New Hope Academy. Je n’ai pas pu aller en NCAA car je n’ai pas réussi le test d’anglais. Mon père avait beau être Américain, il m’a toujours parlé en Français. En plus, j’avais un bac pro en France (SEN, système électroniques numériques, ndlr) et il n’y avait pas d’équivalent aux États-Unis, ils ne savaient pas ce que c’était. Et souvent, quand les Américains ne connaissent pas quelque chose, ils disent que c’est mort. Mais ça va, j’ai plutôt bien vécu le fait de ne pas aller en université, je me dis que c’était peut-être un mal pour un bien parce que vraiment, les cours… (il rit) Plus jeune, mes parents m’ont toujours dit : « Une fois que t’auras le bac, tu feras ce que tu veux ! » Donc me retrouver à continuer les cours aux États-Unis après mon bac, j’étais un peu dégoûté (il rit). Du coup, j’étais quand même bien content de rentrer en France pour ne faire que du basket. »

Gravelines-Dunkerque (2012/14),
injouable en Espoirs, invisible en pro

Bilan en clair-obscur au BCM : quatre trophées Espoirs en deux saisons mais même pas 10 minutes cumulées avec les pros (photo : Sébastien Grasset)

« C’était une bonne génération ! Pas mal de joueurs de l’équipe Espoirs sont devenus professionnels (Jimmy Djimrabaye, Mathieu Wojiechowski, Paul-Lou Duwiquet, Hugo Dumortier, Séraphin Saumont, Johan Grebongo, ndlr) donc c’est assez sympa ! On gagne le Trophée Coupe de France lors de ma première année au BCM, pour la première édition où les équipes Espoirs avaient été ajoutées. On perd aussi la finale du Trophée du Futur contre l’Élan Chalon et la génération Ouattara, Bouteille, Michineau (avec également Clint Capela et Mathias Lessort, ndlr). Ensuite, on sort une saison avec une seule défaite ! On était pas mal de dernière année, ce qui nous a aidés. On fait le triplé en remportant les trois trophées possibles : championnat Espoirs, Trophée du Futur, Trophée Coupe de France. C’était top, ça fait de bons souvenirs ! J’ai été élu MVP du Trophée du Futur, je ne vais pas dire que c’était normal mais je relativisais déjà pas mal vu que j’étais en dernière année. Je savais que ça restait dans la catégorie jeunes et qu’il fallait surtout que je me lance en pro.

À l’époque, il y a eu un paquet de joueurs passés par le centre de formation mais qui n’ont jamais eu leur chance à l’échelon professionnel : Valentin Bigote ou Jonathan Rousselle par exemple, avant moi. Quand on voit le nombre qui sont aujourd’hui à haut niveau… Mais bon, c’était l’ère (Christian) Monschau quoi. Il ne laissait vraiment aucune chance aux jeunes. Je me rappelle du dernier match de la saison à Strasbourg (le 6 mai 2014), où on n’avait plus rien à jouer : il m’avait fait rentrer à 20 secondes de la fin. Mon premier match, c’était lors de mon premier banc avec les pros, contre Chalon (le 11 janvier 2013) : j’étais entré à +40 (102-69) et j’avais pris un shoot à l’arrache, ça avait été une vieille brique (il rit). »

Denain (2014/15),
première étape productive

17 minutes en moyenne avec l’ASCDVPH pour William Howard (photo : Sébastien Grasset)

« Il y avait un gros projet jeunes avec un bon paquet de gars qui sont ensuite passés en Pro A : Jerry (Boutsiele), Yakuba (Ouattara), Vaf (Fofana)… On peut même parler d’Austin (Hollins) qui est en EuroLeague maintenant. On fait vraiment une belle saison où l’on finit 4e, avec une finale à la clef. Pour une première année pro, c’était vraiment top ! Ça m’a permis de me jauger : j’ai vu que je pouvais jouer en Pro B, ça m’a motivé à progresser encore plus derrière. »

Hyères-Toulon (2015/17), un sans-faute :
« Pas meilleur contexte pour découvrir la Pro A »

« À Denain, pour me conserver, le discours de Jean-Christophe (Prat) était de me dire que je jouerais entre 17 et 23 minutes. Derrière, Kyle Milling arrive en me disant qu’il veut me confier beaucoup de responsabilités, un rôle important, 25 minutes par match. Et au final, ça se transforme en une saison incroyable, avec un groupe tout aussi incroyable, des super gars avec qui je suis toujours en contact : Anthony Christophe, Drissa Ballo… C’était une saison magnifique : ça se passait super bien sur le terrain et en dehors, on a vraiment bien rigolé. En plus, on termine champion avec cinq victoires d’avance. C’était un peu une surprise, même si le HTV sortait déjà d’une grosse saison avec la deuxième place. Officiellement, l’ambition du club était de se maintenir, mais avec quand même l’espoir de faire mieux que cela.

Sacré champion de France Pro B en 2016 avec le HTV (photo : Sébastien Grasset)

C’est clair qu’il n’y avait pas meilleur contexte pour moi afin de découvrir la Pro A : un club que je connais, un coach qui me fait confiance… Je me rappelle très bien en avoir parlé avec Fred Bourdillon à l’époque : on se disait qu’il n’y avait rien de mieux que de monter avec son club car tu as déjà tes habitudes, tu sais ce qu’ils attendent de toi. C’était une bonne première saison pour moi, surtout que l’on arrive à remplir les objectifs en décrochant le maintien. Personnellement, je prouve doucement mais sûrement que je peux jouer en Pro A (il avait notamment été titulaire au All-Star Game, ndlr). Je prends les choses étape par étape. »

Limoges (2017/19), la dimension supérieure
« C’était une confirmation »

« Je fais le choix du CSP car c’est un club avec plus d’ambitions, historique en plus de ça. C’était un beau défi à relever, surtout qu’ils sortaient de deux saisons catastrophes après leur doublé. J’étais dans une phase où je montais petit à petit dans ma carrière. Aussi, c’était un gros plus de déjà connaître le coach (Kyle Milling, aussi passé du HTV à Limoges, ndlr), tu sais ce qu’il attend de toi. Les gens m’avaient prévenus : « Attention, Limoges, la pression des supporters, etc ». Chacun est différent mais personnellement, cela n’a pas perturbé plus que cela.

12,8 d’évaluation : Howard a sorti sa meilleure saison statistique en 2018/19 avec le CSP (photo : Sébastien Grasset)

La première saison était plus cool que la deuxième, où il y a eu tellement d’évènements extrasportifs qui ont gâché l’année. Il y avait une sorte de guerre entre dirigeants, des procédures judiciaires qui font que le terrain n’est plus le sujet principal. Un club est comme une entreprise classique : si le président n’est pas vraiment investi, plus personne ne l’est : le GM pense à son avenir, le coach n’a plus autant la pression et s’en fout un peu, les joueurs sont donc plus relâchés et gagner ou perdre ne leur fait ni chaud ni froid. Mais en 2017/18, on finit quatrième, c’était le retour des playoffs à Beaublanc, tout le monde était content. Avec le Top 16 de l’EuroCup, tous les objectifs du club étaient remplis. Personnellement, j’ai pu encore plus prouver ma valeur à Limoges. Après Hyères-Toulon, c’était une confirmation. »

L’aventure américaine (2019/20) :
« Premier match NBA, comme un gamin devant le Père Noël »

« L’été 2019, il se passe un truc un peu fou (il rit). Utah qui décide de payer mon buy-out alors que je ne peux pas jouer la Summer League avec eux car j’étais blessé. Franchement, je ne m’y attendais pas. Mon agent m’avait dit qu’il y avait de l’intérêt mais je pensais qu’ils n’allaient jamais me prendre, surtout avec cette blessure. Mais au final, ils ont payé. Bon ben, rien à dire, c’est réel (il rit). Tu te dis qu’il y a vraiment un gros intérêt dans ce cas-là. Mon agent m’a expliqué que j’allais faire la présaison et que le 15e spot de l’équipe se jouerait entre moi et un autre (Stanton Kidd). Je suis parti à Salt Lake City début août, j’ai passé un mois et demi à la salle : travail individuel et muscu tous les jours. À la fin de la Coupe du Monde, tu as les Donovan Mitchell, Joe Ingles, Bojan Bogdanovic qui reviennent. Là, tu fais : « Ah ouais, quand même » (il rit). J’ai pu côtoyer Rudy (Gobert) aussi un peu : on ne se connaissait pas particulièrement mais c’est vraiment un super gars, il a été cool avec moi quand j’étais là-bas. Même après, quand j’étais en G-League, il m’invitait à manger chez lui ou me filait des places pour les matchs. On est resté un peu en contact. Pendant la présaison, le coach (Quin Snyder) laissait tout le quatrième quart-temps aux mecs de G-League ou à ceux qui ne jouaient pas beaucoup. Trois jours avant la reprise, ils m’annoncent qu’ils ont choisi l’autre joueur. Je décide de rester avec Utah en G-League. Je démarre la saison hyper fort, avec 60% de réussite à trois points pendant un mois et demi. Lors d’un match contre les Vipers, je prends feu avec six trois points en une mi-temps.

Wiliam Howard a joué deux matchs NBA avec Houston en février 2020

Or, un mois après, je signe avec les Rockets, qui me proposent un two-way contract. Leur équipe affiliée était les Vipers. Je pense que c’est grâce à ma prestation contre eux qu’ils m’ont fait venir. J’ai pu jouer deux matchs NBA avec Houston. C’est passé vite de ouf (il rit). C’était à la fois cool et frustrant, car c’était l’année du Covid donc ça s’arrête rapidement. Ma première rencontre, c’était 12 minutes à Phoenix. Contre Élie (Okobo), pour l’anecdote. Bon, je n’ai pas réussi à marquer, je fais 0/4 à trois points (il rit). Mais franchement, avant de rentrer, j’étais comme un gamin devant le Père Noël, le cœur qui s’accélère et tout. C’est le seul vrai match car l’autre, je rentre à la toute fin contre Boston (pour les 76 dernières secondes, ndlr), je ne le compte pas vraiment. Au final, je pense que c’est une expérience qui m’a quand même bien servi. Expérimenter autre chose, un jeu différent, une autre vision que ce que l’on a l’habitude de faire en France, ça aide beaucoup. Après, il me reste un gros sentiment d’inachevé. Après les deux mois de confinement, j’avais un mal de fou à la pubalgie. Donc je rentre en France fin mai au lieu d’aller dans la bulle.

La G-League reste une bonne expérience mais ce n’était pas tous les jours faciles. Des fois, tu joues avec de ces mecs… Des petits arrières qui dribblent, qui dribblent, qui dribblent, qui ne voient que le cercle. Surtout, quand j’étais aux Vipers, c’était l’époque de Harden et Westbrook. Donc nos systèmes, c’était simple (il rit) : on était tous écartés, il y avait un pick and roll, et voilà. Si on me faisait la passe, je devais shooter, sinon je devais dribbler et aller au lay-up. À Utah, c’était beaucoup plus structuré. Le coach était Martin Schiller, qui est parti au Zalgiris Kaunas après, donc le jeu était plus à l’européenne. »

ASVEL (2020/22),
une fin en apothéose

« Je rentre en France avec l’opportunité de jouer l’EuroLeague. Malheureusement, pour moi, la saison a été très compliquée car toute l’année, je fais trois matchs et je me pète. C’était la première fois de ma carrière que ça m’arrivait. Aux États-Unis, j’ai pris du poids, j’ai tout perdu pendant le confinement puis j’ai repris ensuite, au début à Villeurbanne, quand j’ai chopé le Covid. C’était la première fois de ma vie que je dépassais les 100 kilos, je pense que ça a joué dans les blessures. Depuis, ça s’est stabilisé mais la première saison a été incroyablement galère. Même pour trouver ma place dans l’équipe, ça devenait très compliqué car je n’étais jamais là en gros, les gars avaient leurs automatismes sans moi. Je rate tout l’année dernière, je ne fais aucune des deux finales.

« Des Lyonnais qui acclament un Stéphanois,
ça n’a pas dû arriver souvent »

Après, c’est quand même au cours de cette saison-là que je me suis rendu compte que mon passage aux États-Unis m’avait été bénéfique : le rythme était tellement élevé là-bas que j’avais l’impression que le jeu était super lent en Europe. Quand je jouais, j’avais la sensation d’aller super vite, alors qu’en vrai, non (il rit). C’était juste l’impression que j’avais et ça m’a beaucoup aidé pour tout, notamment dans la lecture de jeu. En G-League, parfois, ça va trop vite parce que les mecs ne réfléchissent pas et foncent au panier. Du coup, en Europe, c’est comme si j’avais un petit temps d’avance à chaque fois, dans les prises de décision, les lectures.

Son tir au buzzer du milieu du terrain à Monaco, une action symbole de son passage villeurbannais (photo : Sébastien Grasset)

Ma deuxième saison a été plus accomplie, aussi car, entre guillemets, j’ai eu plus d’opportunités avec la blessure de David (Lighty). Ça a laissé un gros trou dans le temps de jeu à l’ASVEL. Mon but reste d’être plus consistant car pour progresser, attirer des plus grosses écuries, il faut être sur le terrain, il faut montrer que t’es là. En attendant, je savoure beaucoup plus le titre de cette année car j’étais présent cette fois. En plus, je ne pense pas qu’on était favoris. Ça fait vraiment plaisir, d’autant plus que le scénario de la finale a été incroyable. À tel point que je ne réalise pas encore (entretien réalisé le 1er juillet, soit exactement une semaine après, ndlr). J’ai quand même revu les images pas mal de fois mais ça fait comme avec le buzzer beater que j’ai mis (à Monaco en EuroLeague). Quand je vois les autres faire des trucs comme ça, je me dis : « Waow, c’est ouf ! ». Quand c’est moi qui les fait, je le vois différemment… Après, c’est vrai que je m’en rends plus compte quand les gens m’en parlent : « Bien joué pour la dernière minute, incroyable ! ». Je n’ai jamais eu autant de notifications de ma vie que cette semaine. À Lyon, d’habitude, on ne me dit jamais rien mais ces derniers jours, les gens m’arrêtaient un peu dans la rue. Même à Wimbledon, j’ai croisé un supporter de l’AS Monaco (il rit). Bon, il m’a quand même félicité. Sur Twitter, il y a des pages « OL Fans » qui m’ont tagué. Je le prenais un peu mal, je ne savais pas s’ils voulaient me chambrer ou pas vu la relégation de l’ASSE. Mais c’est cool, des Lyonnais qui acclament un Stéphanois, ça n’a pas dû arriver souvent (il rit).

« Je vois Paris Lee qui tape la balle… »

Je sais petit à petit l’impact que j’ai eu dans le money-time du Match 5. Je pense que je réaliserai plus dans quelques années. Pour moi, pour l’instant, j’ai juste gagné le titre. Sur un très beau match, certes, mais je ne réalise pas encore complètement l’ampleur que ça a eu. Même si j’ai lu plein de trucs, même si on m’a énormément félicité, mais voilà, je ne sais pas… Par exemple, le contre sur Paris Lee, j’ai essayé de me rappeler à quoi j’ai pensé mais je crois que je n’ai pensé à rien. Je vois Paris Lee qui tape la balle, Alpha Diallo qui lui renvoie donc dans ma tête, je me dis : « Bon ben, faut que j’essaye de le contrer, sinon ça va être tendu ». Il se passe 10 000 trucs dans ta tête mais t’as pas le temps de réfléchir, c’est dur à expliquer. Je pars à l’instinct et je ne sais pas si j’ai déjà couru aussi vite dans ma vie, vu la course que je fais. C’est l’inconscient qui a pris le dessus peut-être. J’étais tellement concentré que j’ai limite envie de dire que j’ai fait un truc que je ne maîtrise pas. Des contres contre la planche comme ça, je n’en ai pas beaucoup en carrière. Je réalise quand même que c’est une action d’impact, je pense qu’elle marquera sûrement ma carrière, qu’elle fera partie de celles qui resteront quand j’aurais arrêté. J’ai entendu des comparaisons avec LeBron James ou Nicolas Batum, c’est sympa, mais celle-ci, c’est mon action (il rit). »

L’équipe de France, aux portes du grand monde :
« Là, je me dis que c’est vraiment proche… »

« C’est cool d’être dans les 17 pour la préparation de l’EuroBasket, mais maintenant, l’objectif est d’être dans les 12. Je suis conscient que rien n’est fait. Ça reste l’équipe de France donc c’est énorme. C’est les A, ça fait quelque chose quand même. Je n’avais pas été pris pour la fenêtre du mois de juin donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre. L’année dernière, j’étais dans la liste élargie, dans les remplaçants pour les JO, donc je me disais qu’il y avait peut-être moyen que je sois sélectionné. Là, je me dis que c’est vraiment proche, c’est une très belle opportunité.

Ici contre la Bulgarie en décembre 2018, Howard compte 5 sélections avec les Bleus (photo : FIBA)

Le maillot bleu, c’est trois de mes étés (2009, 2011 et 2013). Mais malheureusement, je n’ai jamais gagné de médaille. Du coup, j’en retiens pas mal de déception car je n’ai jamais fait mieux que cinquième. Même si c’était sympa d’affronter les jeunes les plus prometteurs d’Europe, cela reste assez frustrant. J’ai aussi participé aux premières fenêtres internationales avec l’équipe de France A (5 sélections entre 2018 et 2019, ndlr). Ça, c’est déjà un meilleur souvenir que les équipes de France jeunes. Il y avait un peu de pression car c’était vraiment le tout début, il fallait créer une équipe. Je sentais le staff un peu tendu car il manquait tous les joueurs NBA, les joueurs EuroLeague, c’était complètement nouveau. Au final, ça s’était bien passé puisqu’on avait réussi à se qualifier pour la Coupe du Monde 2019, l’objectif était rempli. Maintenant, ce serait bien de faire une vraie compétition internationale et là, je n’en suis pas loin avec l’EuroBasket. »

Et la suite ?
« Le moment ou jamais pour aller à l’étranger »

« À l’heure actuelle, je n’ai signé nulle part (mise à jour réalisée le lundi 18 juillet, ndlr). Des équipes sont intéressées mais il n’y a pas eu d’offre. Dans le milieu, s’il y a de l’intérêt mais pas de réelle proposition, c’est qu’il n’y a rien. L’ASVEL ne s’est pas vraiment battue pour me garder. Je leur ai dit que je voulais partir à l’étranger donc ils n’ont pas cherché à me retenir et ils ont embauché quelqu’un d’autre.

William Howard veut rester en EuroLeague (photo : Sébastien Grasset)

J’approche de mes 29 ans : je me dis que si je veux aller à l’étranger, c’est un peu le moment ou jamais. Tant qu’il y a l’EuroLeague, peu importe le championnat national, il n’y en a pas un qui m’attire plus qu’un autre. L’EuroLeague reste la priorité. Tant qu’il y a l’EuroLeague, tu peux aller n’importe où. Tu joues dans des salles magnifiques, il y a quelques ambiances qui sont exceptionnelles, c’est top. Je sais qu’il y a des critiques sur le fait que ça devienne une ligue fermée mais je pense que ce n’est pas si mal. Le cahier des charges donne une belle image du championnat. Il n’y a que des belles enceintes, c’est bien aussi de voir ça dans le sport européen.

Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. J’attends de mieux connaître le rôle que l’on me propose. C’est important d’être impliqué dans un bon projet, de faire partie du jeu, il n’y a pas que le côté financier qui compte. Après, si une très grosse équipe me veut, je comprends que j’aurais un rôle réduit mais quoiqu’il arrive, il faudra faire ses preuves. C’est un éternel recommencement chaque saison : si tu ne prouves pas ta valeur, on te met sur la touche et c’est la dure loi du sport. »

 

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