« Il est vraiment impressionnant » : la métamorphose d’Hugo Benitez
« J’aime beaucoup ce gamin », soufflait Laurent Legname samedi dernier, à l’issue de la victoire de la JL Bourg contre Strasbourg (65-57), marquée par la prépondérance d’Hugo Benitez dans le dernier acte. « Mais je n’en dirai pas plus sur Hugo, il n’a que 20 ans et je sais trop comment ça se passe. » Sauf que le Catalan n’est justement pas un jeune comme les autres, pas le genre à se laisser griser par des éloges ou à céder face à la pression, lui qui a notamment réalisé l’une de ses performances les plus mémorables en carrière le soir de ses 20 ans où il était seul à la mène face à Milos Teodosic et compagnie, s’attirant les éloges de Sasha Djordjevic. « Que ce soit sur ou en dehors du parquet, il a une maturité incroyable », confirme Alexandre Chassang. « On n’a clairement pas l’impression d’avoir affaire à quelqu’un de 20 ans. »
De 4/49 à 3/3…
Depuis le début de saison, Hugo Benitez évolue à un niveau étonnant (10,3 points à 52%, 3 rebonds et 4,3 passes décisives pour 14,3 d’évaluation en 25 minutes). Dans la lignée d’un EuroChallengers parfaitement réussi, l’ancien protégé de Pierre Murtin a pris encore plus d’importance dans le dispositif burgien. Un chiffre : 0,013. C’est son ratio balles perdues / minutes depuis la reprise. Et encore, le pluriel est de trop puisqu’il n’a égaré qu’un seul ballon en 75 minutes, lors de la première journée à Pau. Autrement, il affiche un niveau de maîtrise assez déconcertant. « Il est vraiment impressionnant », renchérit Alex Chassang. « Sur les trois premières rencontres, c’est lui le patron : il marque ses 10 points par match, il fait ses 4-5 passes, il ne perd pas de balles, il défend super bien… Il a un énorme QI basket, c’est vraiment un très beau joueur. »
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Depuis ses premiers pas chez les professionnels, un soir d’octobre 2019 contre Orléans, Hugo Benitez a toujours été considéré comme un joueur propre, ne commettant pas d’erreur, jouant en Betclic ÉLITE comme s’il était encore avec les cadets. On l’a ainsi souvent vu aller chercher son petit tir préférentiel à 3 mètres ligne de fond qu’il a si souvent réalisé au moment lorsqu’il menait les U18 de la JL Bourg vers le titre de champion de France. Capable de défendre très fort, de trouver la bonne passe selon les situations, particulièrement doué sur pick and roll, le natif de Perpignan a toujours su s’appuyer sur ses qualités premières. Mais ce qui marque les esprits est la nouvelle dimension offensive qu’il semble être en train de prendre (trois sorties sur trois à 10 points ou plus, contre 4 en 49 matchs officiels l’an dernier), conformément à ce que souhaitait Laurent Legname avant le début de saison, à l’occasion d’un entretien accordé à Ma(g)ville. « Par rapport à mon basket, je pense sincèrement que c’est le joueur idéal mais j’aimerais qu’il soit un peu moins timide. »
Le fruit d’un gros travail physique
De fait, l’ancien meneur de Toulouges a enfilé un nouveau costume, n’hésitant pas à assumer lui-même ses responsabilités. Une transformation entamée en fin de saison dernière, où il avait notamment été aperçu en train de compiler 13 unités à Strasbourg puis 10 points à 100% contre la JDA Dijon début juin. Samedi dernier, son dernier quart-temps face à la SIG fut un modèle du genre. À tel point qu’il fut relancé sur le parquet à 2 minutes de la fin pour aller forcer la décision, ce qu’il réalisa en attaquant DeAndre Lansdowne pour aller scorer le lay-up qui redonna les commandes à la JL (59-57). « Il nous a débloqués la situation à Limoges et ce soir, encore, c’est lui qui a marqué les premiers points qui ont amené la révolte », applaudissait Axel Julien en conférence de presse. « Ce ne sera évidemment pas tout le temps lui mais c’est bien qu’il prenne conscience qu’il en est capable. Il l’a fait simplement, sans rien forcer, et quand on a son âge, c’est exactement ce qu’il faut faire. »
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Désormais capable d’aller terminer ses actions en force, à l’image de son panier sur Matt Mitchell pour égaliser à 55-55, Hugo Benitez tient sûrement cette faculté d’un travail physique entrepris il y a un an. S’étant rendu compte qu’il avait besoin de se muscler le haut du corps, il a entamé un programme spécifique en compagnie du kiné burgien, Zlatan Hadzismajlovic, et sa mutation physique (en plus d’avoir encore un peu grandi) devient de plus en plus évidente. Cela lui est tout aussi utile d’un point de vue défensif, où il résiste désormais mieux aux contacts. Un axe de travail parmi d’autres, comme son adresse extérieure (malgré un joli 4/9 en début de saison), mais surtout le signe de progrès évidents qui pourraient le mener très loin… « Je lui souhaite le meilleur, et pourquoi pas les fenêtres internationales plus tôt que prévu », concluait Alexandre Chassang dans un sourire. Mais chut, il ne faudrait pas le dire trop fort, on en oublierait presque vraiment qu’il n’a que 20 ans…
Le panier sur Matt Mitchell samedi dernier permettant à la JL de revenir à 55-55 à l’entame du money-time
(photo : Christelle Gouttefarde)
À Bourg-en-Bresse,
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