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Le grand récit de Marc-Antoine Pellin, tout juste retiré des parquets : « J’ai atteint tous mes objectifs à 19 ans ! »

Alors qu'il aspire à devenir coach, Marc-Antoine Pellin a officiellement annoncé à 38 ans qu'il prenait sa retraite de basketteur. La fin d'une carrière réussie, magnifiée par une formidable aventure roannaise avant ses 20 ans, et où il aura su réinventer après avoir dû quitter prématurément la LNB à cause de ses blessures en 2007.
Le grand récit de Marc-Antoine Pellin, tout juste retiré des parquets : « J’ai atteint tous mes objectifs à 19 ans ! »

À 19 ans, Marc-Antoine Pellin a contribué à mener Roanne vers un improbable doublé Semaine des As – championnat en 2007

Crédit photo : Olivier Fusy

Presque une décennie durant, il fut l’un des joueurs emblématiques de la Pro A. Éternel visage juvénile, format de poche, véritable cauchemar pour les postes 1 adverses, parfois incapable de remonter le ballon face à la pression exercée par le natif d’Orléans. Et dire qu’il n’aimait pas défendre au début… Mais que les meneurs adverses de NM1 ou NM2 soient soulagés, Marco Pellin ne reviendra plus les harceler. À 38 ans, il a officialisé sa retraite sur un dernier exercice bouclé à 7,9 points de moyenne avec les Spartiates de Cergy-Pontoise en Nationale 2.

Bien qu’il ne soit pas l’homme d’un club, son nom restera toutefois indissociable de l’histoire de la Chorale de Roanne. Marc-Antoine Pellin (1,71 m), c’est surtout une éclosion comme on en a rarement vu à cette échelle. Honnête rotation d’une équipe de bas de tableau pendant ses deux premières années, il est devenu, à 19 ans et du haut de son profil de meneur à l’ancienne, le maître à jouer incontestable des futurs champions de France. Avec une victime collatérale : Tony Skinn, rookie recruté par Jean-Denys Choulet pour devenir le nouvel feu-follet offensif de la Chorale, finalement martyrisé par son anonyme vis-à-vis et renvoyé à ses études en Croatie la confiance brisée, concassé par l’intensité défensive du jeune Pellin.

Artisan majeur du doublé championnat de France – Semaine des As en 2007, meilleur défenseur de Pro A la même année, quadruple All-Star, quatrième meilleur passeur de l’EuroLeague en 2008 juste derrière des pointures comme McIntyre et Papaloukas, international français (8 sélections), Marco Pellin avait été contraint de s’éclipser du monde professionnel à 29 ans avec un palmarès qui forçait le respect. Mais qui sait jusqu’où il aurait pu aller sans cette fragilité certaine au genou droit ? Opéré une première fois en mars 2010, il a dû repasser sur le billard en 2013 et mettre sa carrière entre parenthèses pendant un an et demi alors qu’il jouait le meilleur basket de sa vie avec l’OLB (9,6 points à 53%, 3 rebonds et 6,3 passes décisives pour 14,4 d’évaluation).

Depuis un crochet frustrant par la Pro B, Marc-Antoine Pellin a conjugué le plaisir du jeu avec la découverte de sa nouvelle passion : le coaching. Depuis sa dernière apparition sur la scène professionnelle (le 21 avril 2017 contre Blois), l’ancien pensionnaire du Centre Fédéral n’a pas perdu de temps et s’est lancé avec une envie dévorante dans la préparation de sa reconversion. Alors, il a entraîné. Et surtout, il a joué.

Entre Pont-de-Chéruy, Saint-Vallier, LyonSO, Chartres et Cergy-Pontoise, l’homme qui a été condamné à stopper prématurément sa carrière pro aura su se réinventer, étirant ses jours de basketteur bien plus longtemps que prévu, s’offrant la fin qu’il souhaitait. Plus en adéquation avec celle qu’il méritait.

« Je devais reprendre avec Cergy mais ça ne s’est pas bien passé », nous explique-t-il.  » Je suis descendu de niveau pour reprendre du plaisir, chose qui a été le cas ces dernières années. Quand je vois que ça commence à être un peu différent, je n’ai pas forcément attendu là-dedans. J’ai quand même attendu un peu, j’ai failli faire des piges. Ça n’a jamais pu se faire de mon côté. Mais je n’avais pas à cœur de reprendre en Nationale 1. Il y avait beaucoup trop de matchs, je n’étais pas prêt à assumer la charge de travail. Et surtout, cela fait plusieurs années que je prends beaucoup plus de plaisir à coacher qu’à jouer. C’était le moment de tourner la page. Je n’ai pas envie de jouer au basket pour être un joueur lambda, ça ne m’a jamais intéressé. Dans mon image du jeu, j’ai toujours voulu être un joueur dominant et je ne voulais pas terminer en me disant que j’avais fait l’année de trop. » 

Alors qu’il a annoncé sa retraite ce lundi sur les réseaux sociaux, nous vous partageons cet interview grand format, issu d’un mélange entre un entretien datant de 2020 et une nouvelle conversation effectuée ce mercredi.

Marc-Antoine Pellin passe définitivement de l’autre côté de la barrière (photo : Olivier Fusy)

Un handicap sur la ligne de départ
« Ma taille m’a fermé des portes »

« Je faisais du foot quand j’étais jeune mais ma mère ne pouvait pas emmener tous les membres de la famille aux matchs. Il fallait que tout le monde soit au même endroit, c’est comme ça que je me suis mis au basket. Quand tu es petit, n’importe quel sport avec un ballon t’amuse vite alors le basket m’a plu rapidement.

Après, je pense que j’ai été bon assez rapidement, notamment car j’avais de bons appuis grâce au foot. Le problème, c’est que j’étais assez petit par rapport aux autres. Du coup, même si j’étais dominant, c’était toujours un problème pour aller dans les sélections départementales ou autres, il a vraiment fallu que je montre que j’étais au dessus des autres pour être pris.

Ce n’est pas la seule fois où ma taille m’a fermé des portes. Derrière, j’ai voulu aller au Pôle Espoirs malgré ma faible moyenne générale en cours : ils devaient décider entre deux joueurs et forcément, ils ont pris celui qui était plus grand que moi et qui avait donc soi-disant plus de potentiel. Et ça continuait encore au niveau professionnel : quand je vois que la seule saison approximative que je fais en Pro A après un arrêt d’un an et demi m’a conduit en Pro B. Je ne pense pas que cela se serait passé de la même façon pour un poste 1/2 de grande taille ayant réalisé la même saison… »

Pôle France (2002/04), entre formation et incompréhension :
« Je n’aimais pas défendre, on me disait que j’était un croqueur ! » 

« Les souvenirs de l’INSEP sont très mitigés. Les bons d’abord : j’ai rencontré de très belles personnes, j’ai eu des coéquipiers qui m’ont aidé à avancer, j’ai eu la chance d’avoir les meilleurs jeunes contre moi. À l’époque, l’INSEP était très sélectif et il n’y avait que les 3 ou 4 meilleures de chaque génération. Chaque entraînement était un vrai affrontement, surtout que j’étais face à Aldo (Curti) qui était un très bon joueur de notre génération. C’était difficile pour moi, il était beaucoup plus physique et il m’a vraiment aidé à progresser.

Et il y a l’autre partie, moins positive : je n’ai pas été très à l’aise avec les cadres, ça a été compliqué pour moi avec les joueurs plus âgés et avec les dirigeants de l’INSEP. J’étais jeune, un peu fou-fou, c’était difficile de trouver un terrain d’entente avec eux. J’ai surtout mal vécu mon départ car j’ai appris à seulement deux semaines du début de saison que je n’étais pas conservé. En fait, cela faisait suite au championnat d’Europe juniors de 2004 (médaille de bronze, ndlr) où j’avais vu un article de BasketNews qui ne m’avait pas plu, disant que je dormais sur le banc  alors que c’était totalement faux. J’ai demandé à ce que l’INSEP et les équipes de France publient un démenti et on m’a répondu que c’était hors de question avant de me mettre dehors.

À l’époque de l’INSEP, j’étais moins défenseur que maintenant. En jeunes, j’étais vraiment capable de dominer offensivement. La réalité, c’est que tout le monde me disait que j’étais un croqueur. J’étais un meneur qui aimait bien terminer plutôt que de faire la dernière passe. C’est avec le temps que j’ai dû changer mon jeu. Même à l’INSEP, j’ai dû défendre fort pour me faire une place mais ce n’était pas vraiment ma marque de fabrique. Surtout, ce n’était pas quelque chose que j’aimais. C’est surtout arrivé chez les pros que je me suis mis à le faire. »

Roanne (2004/10), la tête dans les étoiles :
« Je ne réalisais pas forcément que c’était extraordinaire »

« En sortant du Centre Fédéral, je ne savais pas où je me situais par rapport au niveau professionnel, mais j’avais l’ambition de toucher ce monde. J’étais censé effectuer des tests à Paris, Roanne et au Havre. Je ne suis finalement jamais allé au STB car j’avais été séduit par la Chorale : j’avais fait un entraînement avec les pros, un tournoi avec les Espoirs où j’avais pu montrer que j’étais au dessus de niveau. Et surtout, Jean-Denys Choulet m’a clairement dit que je ferai partie du groupe pro. Ça m’a fait plaisir et j’ai pu faire ma place.

C’est à la Chorale que Marco Pellin a connu ses premières grandes années (photo : Olivier Fusy)

À l’époque, c’était rare qu’un jeune comme cela joue des minutes comme je l’ai fait. Mais en même temps, j’évoluais dans une équipe de bas de tableau et je me donnais les moyens pour jouer : que l’on me donne 1 ou 15 minutes, j’étais à 200% en permanence. Je pense que j’ai toujours été exemplaire à l’entraînement ces années-là, j’étais à fond en permanence avec toujours l’envie d’être meilleur que l’Américain devant moi. C’est quelque chose qui n’est jamais parti au fil des années.

2006/07, la saison qui change tout 

À un moment donné, il faut bien un peu de chance. Tony Skinn avait signé en tant que premier meneur et est arrivé à Roanne en méforme totale. Je lui ai sauté à la gorge dès le début et derrière, je n’ai pas lâché. Le club a longtemps cherché un premier meneur (Donald Copeland fut notamment pisté avant de s’engager à Paris, ndlr) et n’a pas trouvé. J’ai profité de cette situation, je ne me suis pas défilé, j’ai donné le meilleur de moi-même et j’ai fait de bonnes statistiques au cours d’un début de saison canon de notre équipe.

Ce n’est qu’après huit – neuf journées seulement où l’on m’a annoncé que la place de premier meneur, et que le club cherchait finalement une rotation (Domenico Marcario). Honnêtement, je ne savais pas au départ que l’on avait une équipe aussi spéciale. J’étais jeune, je ne calculais ruien, j’avais juste clairement la sensation que je pouvais faire deux fois plus que ce que l’on m’avait donné jusque-là. Je me rappelle d’un match de Coupe de France à 17 ans (Roanne – Hyères-Toulon le 15 février 2005, ndlr) où, Marques Green étant blessé, je m’étais retrouvé à affronter Jason Rowe, alors l’un des meilleurs meneurs de Pro A. J’avais sorti un bon match (11 points et 7 passes décisives, ndlr) et ça me montrait bien que je n’avais pas tort dans ce que je pensais de moi-même.

J’avais une grosse confiance et cette saison 2006/07 m’a permis de le prouver à tout le monde. Je n’avais juste aucune idée de à quel point notre équipe était forte. Surtout qu’en présaison, on avait quasiment perdu tous nos matchs. J’étais vraiment jeune à l’époque, je ne calculais pas forcément. Même après la finale contre Nancy, je ne réalisais pas forcément qu’on était champions de France et qu’on avait accompli quelque chose d’extraordinaire. Pour moi, c’était juste une victoire de plus, on ne savait même pas si on serait en EuroLeague, etc. Mais avec le recul, c’est sûr que c’est un match qui a marqué les esprits, on m’en reparle encore aujourd’hui.

Champion de France à 19 ans (photo : Olivier Fusy)

Tout le monde se rappelle de nos trois Américains (Dewarick Spencer, Aaron Harper et Marc Salyers, ndlr). Ils étaient surdominants. Pape Badiane, notre capitaine, l’était aussi dans son rôle, peut-êre le meilleur joueur défensif de Pro A cette année-là. Derrière, on n’a pas beaucoup parlé des remplaçants, à part peut-être de Laurent Cazalon qui a su prendre en main les choses à certains moments par son culot et qui nous a cruellement manqué lors de sa blessure d’après Semaine des As. Par exemple, ça ne se percevait pas sur les statistiques mais il fallait voir tout le travail effectué par Modibo Niakaté à l’intérieur des vestiaires. Et sur le terrain, il ne se considérait pas du tout comme un remplaçant, peu importe son temps de jeu. Dans sa tête, il était capable d’être titulaire n’importe où et il aurait connu une toute autre carrière sans ses blessures à la hanche. Pareil pour Williams Soliman qui était très longiligne, capable de suppléer Pape et parfois d’être à un niveau supérieur sur certains matchs. Il a accepté son rôle et a été déterminant. N’importe quel joueur de cette équipe était super important, même Domenico Marcario : allez voir combien de joueurs étrangers sont capables d’accepter de jouer 5 minutes sans broncher. Surtout qu’il a montré des choses à chaque fois qu’on lui a montré du temps de jeu. Sans oublier Adrien Moerman qui ne mesurait jamais ses efforts et qui amenait une énergie incroyable à l’entrainement et sur ses courtes entrées en match. L’état d’esprit était très fort, il ne faut pas parler que de trois joueurs.

L’EuroLeague à 20 ans :
« Je n’avais pas les yeux qui brillaient »

Je garde de très bons souvenirs de cette campagne. Je me souviens que j’avais réalisé de très bonnes statistiques à ce niveau-là (4,7 points à 42%, 2,9 rebonds et 4,5 passes décisives pour 8 d’évaluation, ndlr) mais je reste dégoûté que nous n’ayons pas pu atteindre le Top 16. On perd d’un point contre le Partizan Belgrade chez nous (87-88), de très peu là-bas (76-82) et il suffisait juste de prendre l’un des deux matchs… C’est mon seul regret.

Marco Pellin sur le parquet du Real Madrid (photo : Olivier Fusy)

Il faut dire aussi qu’il y avait une grosse différence entre les clubs étrangers et nous : ils changent très peu leurs effectifs, ils ont déjà des machines de guerre en début de saison. Pour eux, c’est une évidence de passer le premier tour alors que nous, quand tu vois notre niveau entre le début de saison en EuroLeague et les playoffs où l’on arrive en finale, cela n’a rien à voir. Ce sont deux équipes totalement différentes. Et évidemment, si on avait pu jouer dans notre salle plutôt que d’aller à Clermont-Ferrand, je pense que l’on se serait qualifié. On aurait pu accrocher plus d’équipes, comme Barcelone (79-89) ou le Fenerbahçe (90-97) qui nous ont gagné de très peu, et éviter de recevoir de grosses gifles telles que le Panathinaïkos (83-123).

Parmi les meneurs que j’ai eu le plaisir d’affronter, Sarunas Jasikevicius m’a marqué. Je me rappelle l’avoir vu jouer contre les États-Unis. Là, il était vieillissant, il n’avait plus le même niveau mais sa personne m’a marqué. Après, j’avais trouvé Will Solomon très fort, c’était le moment où il était le meilleur marqueur de l’EuroLeague. Je me souviens qu’on ne s’était pas fait de cadeaux sur le terrain, on avait même été à deux doigts d’en venir aux mains alors qu’honnêtement, je suis obligé d’avouer que c’est l’un des rares meneurs qui m’a totalement dominé. Après, il y a aussi le poste 1/2 de Barcelone (Jaka Lakovic, ndlr). Tout le long du match, il ne marque pas un panier, ils le font passer poste 2 dans le dernier quart-temps et il me marque 17 points sur la tête. C’était vraiment impressionnant, il ne mettait pas un dribble, que du catch and shoot, ça allait trop vite. Au Real Madrid, il y avait aussi Sergio Llull mais que je connaissais déjà puisque l’on s’affrontait en jeunes. Jouer en EuroLeague aussi jeune, sans prétention, ça me paraissait normal ce qui m’arrivait. Je m’étais battu pour ça et je n’étais pas en train de me dire que je réalisais un truc extraordinaire. Je jouais là où je devais jouer, je n’avais pas les yeux qui brillaient.

Ici face à Jaka Lakovic, Marco Pellin a terminé quatrième meilleur passeur de l’EuroLeague à 20 ans avec 4,5 passes de moyenne (photo : Olivier Fusy)

Ensuite, avant de tourner la page roannaise, on a fait plusieurs autres finales (Pro A 2008, Final Four de l’EuroChallenge 2010) sans gagner mais nous avons réussi à stabiliser le club parmi le Top 5 de Pro A. Ma relation avec Jean-Denys (Choulet) était particulière. Je pense que le respect qu’il avait envers moi a grandi mais j’étais quelqu’un d’assez fermé à l’époque, incapable de communiquer. Je crois que je n’étais pas facile à manier et on a connu des hauts et des bas avec Jean-Denys. On a gagné des titres ensemble mais on n’a jamais connu une relation très forte. Cela reste quelqu’un que j’ai toujours respecté jusqu’à mon départ, où il y a eu des déclarations qui ne m’ont pas plu et des articles qui m’ont vexé alors que j’étais en rééducation. J’ai mis du temps à pardonner. »

L’équipe de France, sentiment d’inachevé :
« Je n’avais pas cette envie de me battre »

« Les Bleus, cela reste un souvenir mitigé. J’ai reçu plusieurs convocations et j’ai toujours eu des petites blessures. En 2007, je n’ai pas pu y aller puisque j’étais touché à l’adducteur. J’ai fait la préparation en 2008 et je n’ai pas été pris au dernier moment parce que Tony Parker revenait et le coach (Michel Gomez) a fait le choix de prendre un autre meneur de plus grande taille qui pouvait jouer sur plusieurs postes (Yannick Bokolo, ndlr) alors que j’avais fait une très bonne campagne.

8 sélections pour Marc-Antoine Pellin en 2008, mais que des matchs amicaux (photo : Olivier Fusy)

En fait, vu que mes expériences en jeune n’ont pas été très positives, j’ai eu du mal à me forcer à revenir. Non seulement j’étais blessé mais je n’avais pas cette envie de me battre pour revenir à cause de ce qui s’est passé en jeunes. J’avais besoin de souffler pour rebondir. Avec le temps, je regrette… Car j’aurais éventuellement pu participer à un championnat d’Europe en 2007 et cela m’aurait peut-être encore offert une autre carrière si j’avais pu le faire. »

Le Mans (2010/11), envol frustrant :
« Je ne me sentais pas reconnu comme je le voulais »

« Je reviens de plus de six mois de blessure. On m’a fait venir en me disant certaines choses qui ne se sont finalement pas réalisées… Je me rappelle très bien d’avoir eu l’entraîneur (J.D. Jackson) au téléphone et qu’il m’a dit qu’il avait besoin d’un meneur pour encadrer Antoine Diot et pour gérer les moments chauds. Le problème, c’est que ce n’est pas du tout ce qu’il a montré après.

Frustré au MSB, Pellin a raté son émancipation post-roannaise (photo : Olivier Fusy)

Au début, il respectait ce qu’il m’avait dit puis j’ai remarqué progressivement que cela ne plaisait pas que je jouais autant, que ce n’était pas moi qui devait être mis en avant, bien qu’on gagnait souvent quand je jouais beaucoup. On a décidé de se séparer au bout d’un an d’un commun accord car je ne me sentais pas reconnu comme je le voulais. Il fallait que j’aille ailleurs car je n’étais pas à ma place là-bas en tant que deuxième meneur. »

Orléans (2011/15), heureux à la maison :
« Philippe Hervé m’a ouvert une autre vision du basket »

« Quand les gens ont appris que j’avais signé à Orléans, j’ai reçu un nombre incroyable de messages. Tout le monde était content de me voir rentrer et ça me mettait une certaine pression, il y a toujours un peu de stress à l’idée de revenir jouer chez soi. Mais je ne calculais pas, j’avais surtout envie de jouer pour une équipe qui me voulait vraiment. J’ai beaucoup grandi aux côtés de Philippe Hervé, pour qui j’ai un très grand respect : il a toujours tenu sa parole avec moi, il m’a vraiment appris beaucoup de choses et m’a ouvert une autre vision du basket en étant capable de mettre des mots sur ce que je savais faire sur un terrain.

2011/12, l’autre saison majeure : à un panier de l’histoire

Au début, tout le monde rigolait en disant qu’on avait une équipe estampillée Quai 54. Tu sentais que cela pouvait partir dans tous les sens si tu allumais la mèche mais au final, on a créé un vrai groupe et on s’entendait super bien. Au niveau de la cohésion d’équipe, du jeu proposé sur le terrain, cela a été l’une de mes meilleures saisons dans le basket professionnel, avec Roanne. Collectivement, nous étions vraiment à un niveau très élevé, meilleur qu’à la Chorale je pense. Il y avait peut-être moins de talent mais collectivement, ça jouait trop bien, tout simplement.

Malcolm Delaney – Marco Pellin, duel clef de la série mythique Chalon – Orléans en 2012 (photo : Sébastien Léger)

Le Match 3 à Chalon m’a énormément marqué. Je ne vais pas revenir sur les fautes d’arbitrage… Quand tu es jeune, on t’apprend que c’est toujours l’équipe la plus agressive qui obtiendra les coups de sifflet dans son sens. C’est ce qui s’est passé là-bas. On essaye de gérer notre avance dans le dernier quart-temps mais on n’y arrive pas du tout, ils nous font une espèce de zone-press où l’on subit. Au final, on perd sur le match sur un coup de sifflet mais il n’y a pas que ça : on aurait dû contrôler le match bien avant.

Fauché dans le meilleur basket de sa vie

La saison suivante, j’ai joué mon meilleur basket. Statistiquement parlant, j’étais sur les talons d’Antoine Diot. Si je ne m’étais pas arrêté si tôt, j’aurais pu être le MVP Français de la saison. Je comprenais exactement ce que Philippe Hervé voulait mettre en place, cela me correspondait totalement, c’est beaucoup plus facile de jouer dans ces conditions-là. Puis je me pète pendant un an et demi… Il y a pas mal de regrets car j’ai toujours eu l’ambition de jouer ailleurs en Europe. À la fin de mon contrat à Roanne, je me blesse. Et idem après Orléans, alors que je pensais vraiment partir, surtout que j’avais réalisé une très bonne campagne d’EuroCup.

Avant sa blessure, Marco Pellin jouait le meilleur basket de sa carrière à Orléans (photo : Olivier Fusy)

J’avais des contacts avec Sassari, Séville ou Charleroi mais au lieu de cela, je me retrouve sur la touche pendant 18 mois. Ma dernière saison avec l’OLB fut difficile. J’étais considérablement gêné par mon genou. Quand tu veux te donner à fond, ce n’est plus toi qui décide mais ton corps, c’était totalement nouveau pour moi. Je regrette car je sais que je joue l’une des moins bonnes saisons de ma carrière. Collectivement, l’équipe mise en place était assez particulière, pas aussi forte que les années précédentes. Et mon apport personnel a été beaucoup plus faible. Depuis mes premières années à Roanne, je n’étais pas habitué à me retrouver dans le bas du classement. »

L’intermède Pro B (2015/17), loin d’être inoubliable :
« Je n’ai jamais pu être à 100% »

« Avec Bourg, nous avons longtemps été dans les clous des objectifs fixés, jusqu’à un mois avant le début des playoffs. Je me suis de nouveau blessé là-bas, j’ai dû être opéré du ménisque, et je pense que ça a chamboulé pas mal de choses. Derrière, le départ de Georgi Joseph nous fait très mal puis le club change d’entraîneur à la veille des playoffs en faisant venir Gregor Beugnot (en lieu et place de Christophe Denis, ndlr). C’est compliqué de tout changer au dernier moment et d’espérer gagner un titre avec une nouvelle équipe. On se fait botter au premier tour par Le Portel et ce n’est pas anodin ce qui est arrivé, Le Portel était bien plus en place que nous. Nous étions juste une somme d’individualités. En dehors du terrain, on ne s’entendait pas, il n’y avait pas du tout de complicité dans cette équipe.

En cumulé, Marco Pellin a manqué plus de trois saisons à cause de blessures
(photo : Vincent Janiaud)

Ensuite, je pars à Boulazac. Le club a atteint l’objectif en remontant en Pro A mais j’ai été obligé de m’arrêter deux mois avant la finale. C’est simple : je n’ai jamais rejoué en pro depuis. J’ai fait un genou contre genou avec un joueur de Poitiers, cela m’a abîmé mon cartilage et depuis, je ne peux plus tenir le rythme professionnel. Je n’ai jamais pu être à 100% en Pro B après ma grosse blessure d’Orléans: j’avais du mal à reprendre, j’avais du mal à retrouver mes sensations, je compensais beaucoup… »

Leaders Cup Pro B 2016 avec la JL Bourg ou la montée de Boulazac en 2017 :
autant de joies vécues par procuration en Pro B (photo : Vincent Janiaud)

Sept années bonus :
« Cela rejoignait beaucoup plus mes valeurs »

« Si j’ai continué, c’est d’abord parce que Moatassim Rhennam m’a contacté en 2018 pour me faire venir à Pont-de-Chéruy en NM2 alors que je comptais vraiment arrêter ma carrière par rapport à mon genou. Cela me permettait de passer mes diplômes, tout en continuant encore à jouer un peu, donc j’ai dit oui.

Marco Pellin a démarré sa seconde carrière à Pont-de-Chéruy (photo : Gérard Héloïse)

Au final, cela a été de très belles années car cela rejoignait beaucoup plus mes valeurs. Quand les frontières ont été ouvertes pour faire des équipes avec 5-6 Américains dans le monde professionnel, ça m’a fait perdre un peu le goût de l’esprit de l’équipe. Ça m’avait un peu attristé à ce moment-là, encore plus avec mes blessures. Ça ne me correspondait plus. C’est ce que j’ai retrouvé sur les niveaux NM1 – NM2 : il y avait un vrai esprit d’équipe, avec un noyau de Français et un ou deux Américains qui viennent avec beaucoup plus d’envie de découvrir les valeurs françaises. Je me suis beaucoup plus retrouvé là-dedans qu’au niveau professionnel. 

De belles aventures collectives, comme avec Saint-Vallier, champion de NM1 2021 (photo : SVBD)

Dans ces saisons-là, on a toujours fait de gros résultats : on est 3e avant le Covid à Pont-de-Chéruy qui nous stoppe sur une grosse série, on a surdominé le championnat avec Saint-Vallier (champion de NM1 en 2021, ndlr), ça s’est très bien passé avec LyonSO, on permet à Chartres d’avoir les résultats pour monter… »

Côtoyant certains jeunes comme Gaudoux ou Kokila en NM1, Marco Pellin aura été un leader tout au long de ces saisons, comme ici avec Chartres (photo : Guillaume Poumarède)

Une reconversion toute tracée dans le coaching :
« Je me suis découvert une vraie passion »

« Lors de ma dernière année de contrat à Boulazac, où je n’ai pas joué, j’ai commencé à entraîner. J’ai pris une équipe de Régionale 3, l’AOL Basket, et je me suis découvert une vraie passion. Ça a été un gros plaisir de les accompagner et je n’ai pas arrêté depuis. Cela fait sept ans que je coache maintenant. L’an dernier, j’étais avec les U18 de Cergy, que j’ai repris en cours de saison et avec qui on a eu de très bons résultats. Je m’apprête à rentrer dans un nouveau projet.

Pour moi, la facilité serait de coacher en seniors. J’ai eu des demandes en Nationale 2 l’été dernier, notamment au Mans. Mais ça ne me correspondait pas. J’ai vraiment envie d’apprendre un peu plus. Vu que je ne suis pas entré au DES, j’ai dû faire un pas de recul. Ce qui m’intéresse est le niveau Espoirs (il avait notamment candidaté pour reprendre les U21 de Roanne, ndlr) : ça permet de toucher à toutes les parties du coaching, stratégie et développement, en démarrant aussi avec beaucoup moins de pression. L’idée est de se perfectionner un maximum, découvrir tous les outils du coaching pour être vraiment un coach complet quand je m’exposerai à un niveau supérieur. 

Coach Pellin (photo : Spartiates de Cergy-Pontoise)

Le coach qui m’a le plus inspiré, c’est Philippe Hervé, et de loin. Pour moi, il est vraiment en avance sur son temps. Toutes les discussions que j’ai eu avec lui ont été extrêmement enrichissantes : j’estime avoir une très gros connaissance basket et quand je parle avec lui, il est encore capable de m’emmener plus loin dans la réflexion. En termes de formation, Frédéric Crapez et Raphaël Gaume m’ont beaucoup appris aussi et j’apprécie également discuter basket avec eux (dans son post Instagram, Marco Pellin qualifie ces trois entraîneurs de « guides, exemples et mentors », ndlr). »

Quel bilan ? 

« Je suis fier de ce que j’ai fait. De là où je pars à la base, je n’avais jamais pensé accomplir tout ça. Dans ma tête, je voulais simplement jouer au basket avec les gens autour de moi et essayer d’être le meilleur possible. Quand je vois tout ce que j’ai pu réaliser, juste avec cette mentalité-là, je suis très content.

De Roanne à Cergy-Pontoise, Marco Pellin a bouclé un chapitre long de 21 ans (photo : Olivier Fusy)

Là où je pourrais avoir un peu de regrets, c’est que j’aurais pu me fixer des objectifs plus élevés. J’ai atteint tous mes objectifs à 19 ans (avec Roanne, ndlr) : j’ai été champion de France, j’ai tout coché au niveau collectif à 19 ans. Après, ça a été plus difficile pour moi de se re-fixer. Et ensuite, il y a toutes ces blessures qui sont venues me ralentir. J’aurais aimé tester l’Europe mais ça ne s’est pas fait. Et si ça ne s’est pas fait, c’est qu’il y avait une raison… »

Image Alexandre Lacoste
Alexandre Lacoste est arrivé sur BeBasket en 2011, lorsque le site se prénommait encore Catch & Shoot. Amateur de portraits et de reportages, généralement au plus près des équipes de France lors des compétitions internationales, il aime chercher des angles originaux et des sujets qui vont au-delà du simple résultat sportif.

Commentaires


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halle_37
Merci mr pellin pour ces magnifiques années roannaises, revenez quand vous voulez Je repense toujours a cette phrase malheureusement mythique avec vous "The tendon is broken" les vraies savent
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