ITW Frédéric Fauthoux à la veille du huitième des Bleus : « La Géorgie va proposer un autre style de jeu »

Frédéric Fauthoux est déjà venu et a déjà gagné dans la salle de Riga
À Riga, l’histoire se répète. Onze ans après avoir décroché l’Euro U16 dans la capitale lettone, Frédéric Fauthoux revient au même endroit pour son premier grand rendez-vous à la tête des Bleus. Ce dimanche 7 septembre à 14h15 (heure française), l’équipe de France défie la Géorgie en huitième de finale de l’EuroBasket 2025. Avant ce match couperet, le sélectionneur s’est livré sans détour : ambitions, état d’esprit, forces géorgiennes et souvenirs personnels.
« Nous savons qui nous sommes »
Frédéric Fauthoux, la Turquie a eu beaucoup de mal à battre la Suède ce matin et l’Allemagne est au moment de vous poser la question accrochée par le Portugal. C’est un bel avertissement.
« Ce sont des matchs très particuliers. On rentre dans une phase où, si on perd, c’est fini. Maintenant, nous savons qui nous sommes aussi. Nous sommes venus ici avec un état d’esprit d’outsiders, donc nous devons aborder le match de la meilleure des façons. Nous essayons de rester sur ce que nous avons commencé à construire lors des matchs de préparation et du premier tour. C’est vraiment l’état d’esprit dans lequel nous sommes. Après, personne n’est dupe, ni les joueurs, ni le staff. C’est un match très important, comme pour la Géorgie, comme pour la Suède, comme pour l’Allemagne, comme pour tout le monde. »
Vous avez souvent la mentalité d’outsiders, mais là vous êtes favoris sur ce match. Est-ce que ça change quelque chose dans votre discours ?
« Moi, je ne le prends pas comme ça. Je crois surtout que ce sont deux équipes qui jouent complètement différemment au basket. Notre basket repose sur une défense intense et sur la relance du ballon. La Géorgie va proposer autre chose, avec une équipe expérimentée qui joue beaucoup sur le post-up. Après, c’est l’état d’esprit qu’il faut continuer à cultiver, qui est le nôtre. Donc oui, c’est une équipe outsider qui doit aussi vivre et jouer des matchs de cette importance-là. C’est très intéressant par rapport au match de demain. »
« La Géorgie a de vraies armes »
Pouvez-vous nous parler des deux leaders offensifs de la Géorgie, Sandro Mamukelashvili et Goga Bitadze ? Ils sont les deux meilleurs marqueurs de la Géorgie sur la phase de groupe.
« Ce sont deux joueurs très particuliers. Bitadze est un joueur de post-up, de rebond, qui s’écarte maintenant à 3 points. Son camarade est aussi un gros scoreur. Ce qui est surtout intéressant, c’est qu’ils ont un rôle dans leur équipe NBA qui n’est pas le même qu’en sélection avec la Géorgie. Ces joueurs arrivent à se transcender, à se surpasser, presque à s’habiter pour jouer pour leur équipe nationale. Nous ne les découvrons pas, mais on les sent avec beaucoup plus de confiance dans leur jeu que pendant leur saison. »
Est-ce que cela change quelque chose que la Géorgie soit une équipe que vous n’ayez pas affrontée depuis 10 ans, et que les trois matches aient seulement été des rencontres de préparation ? D’ailleurs, comment construire un programme de préparation pour faire face à ces différents types de basket ?
« On essaie de faire au mieux pour jouer plusieurs styles de basket. La France ne joue pas comme l’Italie, ni comme la Slovénie, ni comme le Monténégro. Chaque pays a sa culture. Le style de jeu de la Géorgie est encore différent. En plus, il n’y a pas forcément beaucoup de rotation, donc ils ont tendance à ralentir le jeu. Et ce fameux jeu de post-up, d’aller dans la raquette, physique, costaud, c’est quelque chose que nous n’avons pas forcément l’habitude d’affronter, mais il faudra s’adapter. Comme eux devront aussi peut-être s’adapter à nous. »
Ils ont toutefois le meneur Kamar Baldwin, qui est le leader de leur ligne arrière. Un joueur d’EuroLeague que vous avez déjà affronté en EuroCup, lorsqu’il jouait à Trente en 2023-2024.
« C’est une raison très importante pour eux. Il a fait une très belle saison à Vitoria, puisqu’il va rejoindre le Bayern. Il faudra beaucoup le limiter, parce que ces joueurs américains, quand ils jouent dans des nations comme celle-ci, savent qu’ils ont beaucoup de crédits, beaucoup de tirs. Ils sont donc encore plus dangereux. Même s’il y a d’autres forces, c’est une arme majeure de la Géorgie qu’il faudra contrôler. »
« J’espère que la défaite contre Israël est arrivée au bon moment »
Vous disiez en préparation que votre équipe, quand elle allait bien elle allait très bien et que quand elle allait moins bien c’était vraiment moins bien. Avez-vous le sentiment que le premier tour a permis de rééquilibrer tout cela.
« Je trouve que nous avons fait un bon premier tour. Sincèrement, on a vu l’équipe progresser. Certains joueurs ont gagné en maturité depuis le début de la compétition. Lors de notre défaite, nous avons perdu pied, mais c’était un match particulier car joué la veille, sans préparation. Avec les joueurs que nous avons, c’est important de voir certaines choses directement sur le terrain. Nous avons eu un peu plus de temps ensuite, et il y a déjà eu une progression énorme, individuellement, pour beaucoup de joueurs. »
La défaite contre Israël est derrière et comptablement elle n’a pas eu d’impact puisque vous avez terminé premiers. Mais a-t-elle permis de progresser ?
« Oui, sur le coup. Mais j’espère vraiment que c’était un mal pour un bien. Vu la réaction que nous avons eue, je crois que cela peut continuer longtemps. C’est toujours bon – même si on préférerait tout gagner – de subir une défaite. Cela remet les idées en place et fait descendre du nuage. J’espère qu’elle est arrivée au bon moment. Il ne faut pas se bercer d’illusions en croyant qu’il suffit d’entrer sur le terrain pour gagner. J’espère que nous saurons nous en souvenir et être prêts pour ce genre de match. »
Question souvenir : on aimerait revenir à votre dernière compétition internationale en tant que joueur. C’était il y a 20 ans. L’équipe de France était entrée dans les phases finales par un match de barrage et avait réalisé un exploit contre la Serbie. Que tirez-vous encore aujourd’hui de ce genre de performances ?
« La prise de conscience que nous ne nous en sortirions pas seuls et que le groupe devait être plus fort que les individus. C’est ce qu’on essaie de faire depuis le début. Nous avons eu deux grosses performances individuelles dans le scoring (Francisco contre la Slovénie, Yabusele face à la Pologne). Mais dans tous nos matchs, je trouve que nous sommes dangereux partout. Beaucoup de joueurs dépassent les 10 points. Notre danger vient de partout et nous sommes peut-être difficiles à lire pour cela. Ce qui s’était passé il y a 20 ans, c’est cette prise de conscience collective, arrivée au bon moment. Le contexte était différent car nous avions tout un pays contre nous, il avait fallu se souder vite. Mais c’est l’état d’esprit que nous essayons de véhiculer aujourd’hui. Ce qui compte, c’est uniquement la Géorgie. Nous ne pouvons pas nous permettre de regarder plus loin, surtout après ce que nous avons vécu il y a six jours. J’espère que ce sera la force de ce groupe. Ils vivent très bien ensemble, sont unis. En préparation, même lors d’entraînements durs, personne ne s’est plaint. J’espère que cela nous servira pour ces matchs. »
Sur le dernier Euro, l’équipe de France a vécu un huitième très difficile. Contre la Turquie, les Bleus sont passés dans les dernières secondes. Est-ce quelque chose que vous pouvez leur rappeler ?
« Non, sincèrement. Quand on ne vit pas les choses de l’intérieur, on ne sait jamais ce qui s’est dit, ce qui s’est passé. Rappeler que chaque match est difficile suffit. Les matchs Turquie – Suède et Allemagne – Portugal le montrent déjà. Nous l’avons rappelé dès l’entraînement tout à l’heure. Après, les générations passent, avec l’insouciance de jeunes joueurs. Les contextes sont différents. Nous avons notre propre histoire à vivre, qui commence aujourd’hui et que nous espérons longue. »
À Riga,


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