ITW Jean-Aimé Toupane : « Tout le monde a compris que le bronze était devenu notre or »

Après 2023, Jean-Aimé Toupane vise une deuxième médaille de bronze européenne
Longtemps adossé contre la structure du panier, Jean-Aimé Toupane observe la fin de séance de son équipe, lors des dix minutes ouvertes aux médias. Sous ses yeux, Pauline Astier, Leila Lacan, Romane Berniès, Noémie Brochant et Iliana Rupert tentent de marquer le plus de tirs à 3-points d’affilée, encouragés par l’adjoint Christophe Léonard.
Après la gabégie de la veille contre l’Espagne (5/30 lors de la défaite 64-65), la plus grande série montera à 15. Si le poids de la déception se ressent encore chez certaines, quelques sourires sont tout de même présents. Revenir sur le parquet du Stade de la Paix et de l’Amitié permet de se changer les idées après toute une journée à ressasser dans le huis-clos de leur luxueux hôtel athénien.
Surtout, il reste un objectif à remplir : aller décrocher une neuvième médaille européenne d’affilée face à l’Italie ce dimanche à 16h30 lors de la petite finale… Après l’entraînement, le sélectionneur s’est confié au faible contingent de médias français présents, dont BeBasket.
Jean-Aimé, comment s’est passé ce lendemain de défaite ?
Bien. On a réussi à basculer. On sait que cette troisième place est importante pour nous. C’est un objectif important, il faut aller chercher cette médaille de bronze. Tout le monde a conscience qu’il faut se remobiliser et qu’il faut repartir de l’avant. J’espère que ça va le faire demain.
Comment avez-vous trouvé vos joueuses mentalement ?
J’ai senti les filles concernées. On a fait une bonne séance. Dans le sport, il y a toujours une opportunité de bien faire. Hier, c’était moins le cas. Désormais, on a l’opportunité de bien finir cette compétition. Une victoire nous rendrait un petit peu le sourire avant de partir en vacances.
« Je ne voudrais pas qu’on remette tout en question »
Vous avez effectué une séance vidéo ce samedi matin…
On a travaillé sur nous, un petit peu sur l’adversaire. On a essayé de voir ce qui a fonctionné car il y a eu des séquences où on a eu deux visages. L’idée était de leur montrer qu’on est capables de faire de très belles choses. Au-delà du résultat, je ne voudrais pas qu’on remette tout en question. Hier, ce n’est pas tombé du bon côté, c’est tout…
Avec du recul, avez-vous une analyse plus fine de ce qui a pêché en deuxième mi-temps contre l’Espagne ?
C’est toujours la même analyse qu’à la fin, à savoir qu’on n’a pas joué comme on aurait dû le faire plus longtemps. Par moments, nous étions bien mais ça n’a pas assez duré. On bougeait la balle, on était ensemble et d’un coup, on s’est arrêté, comme figées, à prendre des initiatives individuelles. Dans les moments plus difficiles, c’est le collectif qui va permettre de repartir. Mais on l’a oublié hier, et ça a duré quoi ? 2 minutes ?
Un peu plus quand même non ? Il y a tout le troisième quart-temps où vous ne marquez que 8 points…
Oui mais c’est surtout dans la volonté de faire les choses. Les filles ont essayé. Dans ces moments-là, je pense qu’on a été un petit peu surpris de ne pas avoir de réussite. On a pensé que c’était déjà une victoire. Or, je pense qu’il fallait continuer à faire ce qu’on a toujours fait, mais c’est comme ça…
Y-a-t-il eu un manque de caractère ? Y-aurait-il fallu être plus vicieuses face aux Espagnoles ?
Non, non… Quand on voit qu’on les tient à 65 points, qu’on a eu la volonté de faire… C’est simplement qu’on n’a pas été dedans dans l’approche du truc, c’est tout. Ce n’est pas long car si on avait su passer de +10 à +15, peut-être que le match aurait été différent. Quand les Espagnoles sont revenues sur des pertes de balle directes, sanctionnées par des paniers, ça nous a un peu sonnés…
« Ce n’est pas la médaille que l’on voulait,
mais elle serait belle quand même »
Comment faire pour hausser d’un cran dans l’état d’esprit combatif alors ?
On sait que c’est notre point fort. La réussite, on peut l’avoir un jour, et pas le lendemain, mais il faut continuer à se battre quand même. Il faut garder cet esprit combatif, ne pas calculer, essayer d’améliorer ce qu’on a pu faire souvent par rapport à la demi-finale.
Avez-vous l’impression que votre équipe a bien saisi l’importance d’aller décrocher la médaille de bronze ?
J’espère, j’espère… Tout le monde a compris que la médaille de bronze était devenue notre médaille d’or.
De nouveau ? Vous aviez déjà eu cette formulation en 2023 après la défaite contre la Belgique…
Mais bien sûr ! Ça montre la constance sur le podium, c’est ça le truc. C’est toujours dommage de terminer une compétition par deux défaites. Finir par une victoire, c’est important. Quand tu as un objectif haut, qui finalement est pris (inatteignable), tu revois ton objectif. Et tu te dis que cette médaille-là, ce n’est certes pas celle qu’on voulait, mais elle est quand même belle…
Mais le bronze n’a pas la même valeur que l’or…
Le sport de haut niveau veut qu’il n’y ait qu’un seul gagnant. Et si la place est prise… On va apprendre de ce qui s’est passé et quand même prendre quelque chose. Il vaut mieux repartir avec une médaille que fanny.
« Avoir encore plus envie que l’Italie ! »
En revanche, une quatrième place serait-elle un échec ?
Je n’en sais rien ! Vous (les journalistes), vous mettez toujours des mots… Aujourd’hui, je cherche à être sur le podium et le reste, c’est vous qui faites l’analyse.
L’équipe d’Italie a fait trembler la Belgique vendredi avec un 17-0 dans le quatrième quart-temps…
Bien sûr ! Surtout que pour l’Italie, qui n’a quasiment jamais gagné de médaille (la dernière en 1995, ndlr), ce serait historique. Il faut savoir dans quel contexte on va aborder ce match. On va se retrouver face à une équipe qui va se dire que c’est très important alors que nous, inconsciemment, on peut-être se dire que, bon… (il s’interrompt) Il faudra avoir encore plus envie que l’Italie. C’est ce que j’essaye d’expliquer aux filles. Il y a combien d’équipes dans un EuroBasket ? 16 ? Finir dans les trois, c’est pas mal quand même…
Propos recueillis en zone mixte au Pirée,
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