Quatrièmes de l’EuroBasket, une première sans médaille depuis 18 ans : le fiasco des Bleues

Cette fois, pas besoin de tenter de jouer les alchimistes : le chocolat, ça n’a pas le goût de l’or. Ces deux derniers jours, on s’est souvent demandé si une médaille de bronze aurait été une réussite pour les Bleues. Et pour le coup, on n’avait pas spécialement réussi à trancher.
Au moins, on va pouvoir arrêter de se triturer les méninges dans tous les sens. Désormais, la réponse est claire : c’est un échec, une fiasco, un bide, ou tout ce que vous voulez… Complètement en dedans lors de sa petite finale contre l’Italie, l’équipe de France s’est inclinée 54-69 face à une sélection transalpine qui n’avait plus atteint le dernier carré de l’EuroBasket depuis… 1995. Une défaite qui lui vaut de terminer à une piètre quatrième place, infiniment loin de ses ambitions de titre. Son pire résultat depuis l’EuroBasket 2007 (8e).
Malheureusement, il n’y a pas grand chose, ni grand monde, de défendable dans cette équipe de France. Le résultat était déjà « un échec », admis par la fédération en soi, mais la manière rend l’affaire encore plus indigeste. Les Bleues ont complètement failli dans tous les domaines de leur basket avec une attaque stéréotypée, sans mouvement, peuplée de séquences dramatiques, un laxisme inhabituel en défense et des attitudes qui interrogent, ciblées par Jean-Aimé Toupane lors d’un temps-mort choc en première mi-temps : « On ne va pas gagner le match avec ces attitudes de merde ! Ce n’est pas chacune pour soi, merde », éructait-il.
Valérie Garnier butait sur la dernière marche,
Jean-Aimé Toupane sur l’avant-dernière
Une douteuse léthargie dont les Bleues ne sont sorties que lors d’une courte séquence dans le troisième quart-temps, avec Migna Touré qui a tenté d’impulser une révolte en étant la seule à attaquer les intervalles (de 38-50 à 52-56). L’ultime instant de vie de cette équipe… Après un dernier panier de Marie-Paule Foppossi pour réduire à l’écart à -4, les huit dernières minutes auront été d’une faiblesse abyssale : 9 balles perdues, 0/6 aux shoots et seulement deux petits lancers-francs de Romane Berniès en cache-misère. « Je me pose les mêmes questions que vous », a répondu le technicien lorsqu’on l’interrogeait sur ce manque d’envie flagrant dans le money-time.
Si c’était une façon de lâcher Jean-Aimé Toupane, unanimement (et trop facilement ?) ciblé par la critique du grand public, on aurait préféré que cela soit fait à la façon de Tokyo 2021 avec Valérie Garnier. C’est-à-dire en s’affranchissant des consignes, en pratiquant un autre jeu, mais en allant tout de même chercher la médaille. Il n’est, de toutes façons, pas certain que cela ait été réellement le cas, ou alors inconsciemment chez certaines, mais le bilan du sélectionneur va devoir être remis en question. L’ancien bâtisseur du Stade Clermontois avait été intronisé en 2021 pour franchir la dernière marche, où Valérie Garnier ne cessait d’échouer (quatre finales perdues entre 2015 et 2021), et lui n’a pour l’instant pas réussi à dépasser l’avant-dernière… Le contrat n’est donc clairement pas rempli, et ce à deux reprises.
Son formidable parcours olympique, conclu à un point seulement des États-Unis en finale, lui confère encore un certain crédit mais le Franco-Sénégalais n’a évidemment pas réussi son Euro, sans plan B viable lorsque le plan A ne marchait plus. La FFBB a promis de plancher sur sa responsabilité, mais au vu des propos du DTN Alain Contensoux évoquant « son très bon travail », il semble peu probable de le voir remis en cause.
Les joueuses ont aussi failli
Toutefois, le sélectionneur n’est pas l’unique problème, loin de là. Sa méthode a permis a permis aux Bleues de regarder les invincibles Américaines dans les yeux et il était encore défendu bec et ongles par ses joueuses en cours de semaine, affirmant qu’elles prenaient énormément de plaisir à défendre de la sorte. Reste qu’on a aperçu, depuis les tribunes du Pirée, quelques discussions houleuses entre le coach et ses leaders,
Les joueuses sont tout autant à blâmer. « C’est nous avant tout », a reconnu Migna Touré. Il y a eu de trop nombreuses défaillances individuelles chez les cadres lors des deux matchs couperets et un manque affolant d’alternance dans le jeu : pourquoi autant s’entêter à shooter à 3-points, jusqu’à l’écœurement, quand l’adresse fuyait désespérément les Bleues (7/50 à partir des demis) ? Pourquoi un jeu si individualiste au pire moment (seulement 8 passes décisives) ? Le système Toupane ne permet effectivement pas de tirer le meilleur de tous les talents français, surtout de l’une des trois meilleures joueuses de la saison EuroLeague (Iliana Rupert en l’occurrence) mais le problème vient aussi du parquet lorsque c’est la quatrième intérieure, Maeva Djaldi-Tabdi, qui est la plus impactante de toutes sur une petite finale…
La politique fédérale en question
Dans « son analyse sans concession », la FFBB devra également explorer sa propre part de responsabilités. Le DTN Alain Contensoux a déjà suggéré que la fédération ne s’était pas assez adaptée à « la nouvelle donne » du basket international, avec une WNBA qui phagocyte progressivement le reste. Dans cette équation perdue d’avance, l’instance s’était déjà tirée une balle dans le pied avec sa politique de la fermeté en 2023, qui n’a potentiellement pas joué en sa faveur cet été, dans un tout autre contexte certes.
Alors oui, il y avait des absentes de poids, retenues en WNBA (Gabby Williams, Marine Johannes, Dominique Malonga, Carla Leite) pour la plupart, quand il ne s’agissait pas d’une grave blessure contractée en préparation (Marine Fauthoux). Mais oui, aussi, l’équipe de France avait suffisamment de talent pour atteindre ses objectifs sans elles. Reste que leur seule évocation aura suffi à largement agacer Jean-Aimé Toupane après la débâcle. « Je n’ai pas à en parler, je n’aime pas les attributions externes », s’énervait-il.
Il était, au moins, possible d’entretenir une forme de constance sur le podium, et on ne croira d’ailleurs absolument pas le sélectionneur quand il jura ne pas savoir que cela faisait depuis 2007 que l’équipe de France n’avait plus connu un Euro sans médaille, lorsque lui insistait samedi sur la nécessité de perpétuer cette tradition de la médaille. Tout est désormais tombé à plat : la fin de la série des finales en 2023 et la fin de 16 années ininterrompues de podiums continentaux. Le bronze n’aurait certainement pas valu de l’or mais cette quatrième place ne vaut rien.
À Athènes,
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