Le bilan individuel des Bleues à l’Euro : des leaders à la peine, Toupane divise

L’équipe de France a vécu son pire Euro depuis 2007
Alors que l’équipe de France regagne Paris ce lundi matin, sans aucune médaille européenne dans ses valises pour la première fois depuis 2007, il est temps du bilan individuel, au sortir de l’un des week-ends les plus noirs de l’histoire récente des Bleues…
#1 Noémie Brochant
La belle surprise de l’été, 0 sélection à son compteur en débarquant à Reims fin mai et devenue l’une des contributrices les plus fiables en sortie de banc, à l’exception des matchs couperets où elle n’a guère eu sa chance (3 minutes contre l’Espagne, 4 contre l’Italie).
Dommage car l’ailière de Charleville-Mézières avait auparavant montré des choses très intéressantes, peut-être la meilleure shooteuse intrinsèque du groupe (57%) et polyvalente défensivement.
Statistiques : 5,5 points à 60% aux tirs en 10 minutes de jeu
#2 Marie-Paule Foppossi
Un EuroBasket traversé dans une relative discrétion, où elle aura inscrit le tout dernier panier des Bleues à… 7 minutes et 58 secondes du buzzer de la petite finale contre l’Italie.
En sortie de banc, la Strasbourgeoise a été l’une des rares à obtenir un vrai temps de jeu sur les deux derniers matchs (12 et 13 minutes), mais n’a pas réellement pesé. Elle aura, au moins, réussi à battre son record en sélection : 15 points face à la Suisse lors du premier tour.
Statistiques : 4,5 points à 50% aux tirs et 1,2 rebond en 13 minutes de jeu
#11 Valériane Ayayi
Encore une compétition crève-cœur pour la Bordelaise : 11e campagne avec les Bleues et toujours pas de médaille d’or malheureusement… Ni de médaille, tout court, pour la première fois en EuroBasket.
Sur la petite finale, elle en a une part de responsabilité, avec sa seule prestation en dedans du tournoi (9 points à 3/8, mais seulement deux en deuxième mi-temps). Auparavant, son tournoi avait pourtant été de très haut niveau, à l’image de sa première mi-temps remarquable en demi-finale. Elle en a été récompensée par une place dans le deuxième meilleur cinq.
Après une courte nuit, la capitaine a pris la parole sur les réseaux sociaux, reconnaissant « une déception immense » qui va « au-delà du (domaine) sportif »…
Statistiques : 13,3 points à 43% aux tirs, 4,5 rebonds et 1,2 passe décisive en 24 minutes de jeu
Déception immense.. 😔
Difficile de trouver les mots car cela va au delà du sportif et c’est la belle image du basket féminin français, que nous avons mis tant d’années à construire qui est impactée aujourd’hui.Merci pour votre soutien, avant, pendant et après chaque match 🙏🏾… https://t.co/a7UkzZwQOH
— Valériane Ayayi (@valeriane_ayayi) June 30, 2025
#12 Iliana Rupert
Il est cruel que la sentence d’un lancer-franc manqué au pire moment tombe sur une joueuse exemplaire vis-à-vis de son engagement sous le maillot bleu. Malheureusement, deux ans après avoir manqué la demi-finale de 2023 contre la Belgique à cause d’une blessure à l’épaule, Iliana Rupert a vécu un nouveau déchirement dans le dernier carré.
Au-delà de cette séquence symbolique, l’intérieure de Mersin a traversé un EuroBasket assez douloureux, souvent à la peine défensivement à l’image de son duel avec Awa Fam en demi-finale (21 points et 9 rebonds), mais pas que (20 points et 15 rebonds pour Teaira McCowan ; 15 points et 7 rebonds pour Egle Sventoraite…)
En revanche, il y a beaucoup de choses à redire sur son utilisation offensive, bien trop réduite pour l’une des trois meilleures joueuses de la saison en EuroLeague. Relancée dans le quatrième quart-temps contre l’Italie, après avoir passé 10 minutes sur le vélo « pour rester chaude après un petit coup face à l’Espagne », elle a vécu un calvaire, à la fois mal servie et en difficulté pour s’imposer.
Statistiques : 8,7 points, 4,2 rebonds et 1,7 passe décisive à 55% aux tirs en 18 minutes de jeu
#13 Janelle Salaün
Un EuroBasket en deux temps… Arrivée une semaine avant le début de la compétition, après avoir démarré la saison WNBA avec Golden State, elle a connu une entame en trombe (20,7 points de moyenne sur le premier tour), avec un niveau de jeu impressionnant jusqu’aux quarts de finale, avec une confiance absolue en attaque. Alors pressentie pour être élue MVP du tournoi, en cas de sacre français.
Puis la lumière qui s’éteint dans le dernier carré. Une demi-finale certes sauvée par son activité défensive, mais un entêtement, comme certaines de ses coéquipières, à shooter à 3-points plutôt qu’à attaquer le panier sur la défense de zone (0/9 à 3-points lors des deux derniers matchs). À tel point qu’elle a fini par être sortie du cinq de reprise en deuxième mi-temps contre l’Italie, alors qu’elle avait toujours été titulaire jusque-là au retour des vestiaires…
Statistiques : 15 points à 53% aux tirs dont 40% à 3-points, 3,2 rebonds et 1,2 passe décisive en 24 minutes de jeu
#22 Marième Badiane
Arrivée tardivement en préparation, le dimanche 8 juin, après avoir vainement tenté de se faire une place en WNBA à Minnesota, la future intérieure de Schio a certainement vécu sa compétition internationale la plus poussive. Un vrai pas de recul après avoir pleinement réussi son EuroBasket 2023 et ses Jeux Olympiques 2024.
Trop neutre offensivement (avec un record à 6 points lors des vrais matchs, si l’on excepte ses 9 unités contre la Suisse), moins déterminante défensivement que par le passé, la Brestoise a malheureusement peiné à proposer une alternative crédible dans la raquette.
Statistiques : 4,5 points à 41% aux tirs, 4,7 rebonds et 1 passe décisive en 16 minutes de jeu
#28 Migna Touré
L’une des rares Françaises à chercher de l’alternance offensive en fin de tournoi, en ne s’enfermant pas dans le piège du seul shoot longue distance. Parfois du déchet (5 balles perdues lors de la petite finale), parfois des relents d’individualisme, mais la Neversoise a été la tricolore la plus fiable du dernier carré (13,5 points de moyenne).
Un style personnel parfois difficile à inscrire dans un collectif, mais la seule joueuse française à avoir su monter en puissance au fil de l’Euro pour terminer à plus de 30 minutes contre l’Italie. Des mots forts après la désillusion, évoquant « du dégoût ».
Statistiques : 9,7 points à 40% aux tirs dont 28% à 3-points en 23 minutes de jeu
#32 Tima Pouye
L’une des belles histoires de la compétition, sélectionnée pour la première fois en équipe de France six mois après s’être remis d’une rupture des ligaments croisés.
Elle aura toutefois tenu un rôle marginal (9 minutes de moyenne), à peine utilisée sur les gros matchs (4 minutes contre l’Espagne), un peu plus régulièrement contre l’Italie où elle aura cherché la solution individuelle.
« Il nous a manqué un mélange de beaucoup de choses. Ce n’est pas le résultat qu’on espérait. Ça se joue sur des détails, sur peut-être un peu plus d’envie », a-t-elle souligné après la quatrième place.
Statistiques : 3,3 points à 38% aux tirs en 9 minutes de jeu
#33 Maëva Djaldi-Tabdi
Peut-être encore un peu juste pour ce niveau de compétition, elle qui évoluait encore en Ligue 2 en 2022-2023, l’ancienne intérieure de Charnay a toutefois eu le mérite de toujours répondre présent lorsque Jean-Aimé Toupane a fait appel à elle.
Scotchée au banc lors de la demi-finale contre l’Espagne, la future Berruyère a fait partie de celles qui ont montré le plus de détermination sur la petite finale, apportant une vraie intensité. De l’envie sur le terrain et une attitude positive sur le banc, tout ce qu’on peut attendre d’une 12e joueuse !
Statistiques : 3,4 points à 60% aux tirs et 2,8 rebonds en 8 minutes de jeu
#42 Leïla Lacan
La prise de pouvoir attendra… Si elle a tenté d’amener du punch en sortie de banc, notamment lors d’une petite finale où son activité a fait du bien, la Ruthénoise a été maladroite (10/40) et trop peu gestionnaire, ce qui n’est certes pas vraiment là où on l’attend.
Des mauvais choix et beaucoup de déchets lors des matchs couperets, avec 7 de ses 9 balles perdues sur le dernier week-end de compétition, dont l’une symbolique des errances françaises contre l’Espagne, face au jeu, en dribblant, en sortie de temps-mort…
Statistiques : 5,5 points à 25% aux tirs, 2,8 rebonds et 2,7 passes décisives en 18 minutes de jeu
#47 Romane Berniès
La plus irréprochable à tous points de vue, sur le terrain et en dehors, où elle est restée assumer l’échec devant les micros, malgré les larmes qui lui montaient aux yeux.
Limitée en attaque, particulièrement maladroite (23%), malgré le 3-points de l’espoir inscrit dans le money-time contre l’Espagne. Quelques décisions douteuses, comme cette passe qui a entraîné la colère de Jean-Aimé Toupane à l’approche de la mi-temps en demi-finale, mais un état d’esprit exemplaire, une hargne certaine et une énorme intensité défensive.
Leader par l’exemple de ce côté-là du parquet, l’Agenaise a, par exemple, provoqué à elle seule trois pertes de balle italiennes dans le dernier quart-temps de la petite finale. En vain…
Statistiques : 2,5 points à 23% aux tirs, 2,3 rebonds et 5,8 passes décisives pour 1,5 ballon perdu en 22 minutes de jeu
#98 Pauline Astier
La seule joueuse « punie » après la désillusion espagnole, scotchée au banc lors de la petite finale. Un peu dur, tant sa vista, sa créativité et sa vision auraient pu être tentées pour illuminer le jeu sclérosé des Bleues, mais l’apprentissage du haut niveau pour la Tarbaise, bien trop soft en demi-finale.
Face à la Roja, l’ancienne meneuse de Bourges a tapé le mur de l’élite européenne, avec un manque évident de dureté, comme lorsqu’elle s’est fait chiper la balle sur un simple dribble par Alba Torrens. Ses deux balles perdues dans la dernière minute du troisième quart-temps, accélérant le retour espagnol, auront été ses dernières actions de l’Euro.
Alors qu’elle vivait sa première compétition internationale, après avoir été régulièrement coupée en préparation, elle reviendra plus armée à l’avenir, d’autant plus qu’elle a tout de même laissé entrevoir quelques belles promesses : un match référence contre la Grèce (12 points et 6 passes en 18 minutes), ainsi qu’une vraie capacité à illuminer le jeu (quasiment 4 passes décisives de moyenne en seulement 13 minutes par match).
Statistiques : 4,6 points à 41% aux tirs et 3,8 passes décisives pour 1,4 ballon perdu en 13 minutes de jeu
Jean-Aimé Toupane
Normalement, quand le plan A ne fonctionne pas, on dégaine un plan B. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé pour le sélectionneur, incapable de trouver la solution face aux défenses de zone proposées par l’Espagne puis l’Italie dans le dernier carré. Les 60 dernières minutes de l’Euro auront été un calvaire sans nom, avec un jeu d’une pauvreté affligeante (seulement 8 passes décisives face à la Nazionale). Son système peine à mettre en valeur certaines des leaders, à l’image d’Iliana Rupert, trop peu servie à l’intérieur.
Particulièrement agacé lors de la petite finale, dénonçant des « attitudes de merde » lors d’un temps-mort, marqué après la défaite, l’ancien entraîneur de Toulouse aura vécu sa compétition la plus difficile, un an après avoir tutoyé l’olympe à Paris. Mais il ne peut être tenu responsable de tout, ni de la maladresse chronique de l’ultime week-end (7/50 à 3-points), ni de l’entêtement des joueuses à shooter de loin, d’autant plus que certaines cadres encensaient sa philosophie en début de semaine, quand tout allait encore bien.
Malheureusement, le bilan est particulièrement cruel pour Jean-Aimé Toupane. Venu pour franchir la dernière marche que Valérie Garnier n’arrivait pas à surmonter (quatre défaites d’affilée entre 2015 et 2021), lui bute constamment sur l’avant-dernière à l’Euro. Après huit podiums d’affilée, cette quatrième place est la plus mauvaise pour l’équipe de France depuis 2007.
Forcément, son cas divise, jusqu’à l’entourage des joueuses. Certains proches assurent qu’il n’est pas le problème, d’autres le remettent en cause. Ce sera à la FFBB de trancher, avec « une évaluation sans concession » qui concernera « tous les aspects », y compris le sélectionneur. Mais sachant que le DTN a rappelé son statut de vice-champion olympique, et jugé, à titre personnel, qu’il avait fait « du très bon travail », le Franco-Sénégalais a toutes les chances de conserver son poste. Sous contrat jusqu’en 2028, il devrait ainsi mener l’opération rédemption lors du tournoi de qualification à la Coupe du Monde 2026 en mars prochain, vraisemblablement organisé en région lyonnaise.
À Athènes,















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